XLOVE59-BOY

harry potter:Une petite Bière-au-beurre?(5)

Chapitre II – Part X – :

Le plan : Harry

           

Harry venait de passer pas moins d’une heure en compagnie de Malefoy pour mettre au point leur projet. Jamais, mais au grand jamais, il aurait cru qu’un jour il s’allierait à Malefoy pour quoi que ce soit. Si quelqu’un avait osé lui dire cela il y a à peine une semaine, il lui aurait soit ri au nez, soit cassé le nez. Cependant, comme le lui avait dit son parrain, Sirius Black, le célèbre fugitif d’Azkaban, les grands maux requéraient les grands remèdes.

Mais en ce qui concernait Harry, il préférait la doctrine « œil pour oeil, dent pour dent », il avait d’ailleurs été surpris de se découvrir enfin un point commun avec Malefoy, bien que ce dernier lui ait quand même précisé qu’il préférait celle qui disait « Fais-moi mal et je te rendrai au centuple ce que tu m’as fait ». La loi du Talion semblait faire loi chez les Malefoy, ce qui ne surprenait absolument pas Harry, cependant, il avait découvert qu’un Malefoy ne se contentait jamais de rendre la pareille, mais se faisait un point d’honneur à surpasser celui qu’il considérait comme responsable. Les Malefoy aimaient savourer leur vengeance, ils avaient besoin de la planifier avec minutie, ils devaient chercher le meilleur moyen de détruire la personne qui avait osé s’opposer à eux, les humilier, les blesser.

Harry avait réussit à calmer la fureur de Malefoy, qu’il pouvait sentir grandir à chaque instant, en lui expliquant le plus sérieusement du monde, qu’il ne souhaitait pas voir la tête de ses amis au bout d’une pique. Malefoy avait ri à cette remarque. Harry s’était alors aperçu que c’était la première fois de sa vie qu’il voyait le blond rire, d’un rire naturel. Ses lèvres ne dessinaient plus ce rictus qu’il avait pris l’habitude d’arborer et qui le rendait si antipathique (bien que certaines filles trouvent cela séduisant), à présent un grand sourire, qui laissait apparaître ses dents blanches et bien alignées, s’était substitué à son éternelle expression hautaine. Harry avait senti un léger courant traverser son corps alors qu’il ne pouvait détacher son regard de Malefoy, sans réellement savoir pourquoi, il était étonné et « ébloui » à la fois. Il n’avait pas quitter son interlocuteur des yeux quand ce dernier avait repris la parole, une touche inhabituelle d’amusement perçant dans sa voix.

« Potter, si tu voyais ta tête ! C’est trop drôle ! » Drago se tenait les côtes et riait de plus belle. Il était à présent littéralement vautré sur le sofa et ne cessait de fixer Harry. Ce dernier, une fois sa première impression atténuée (c’est-à-dire le choc de découvrir qu’un Malefoy pouvait, mais surtout, savait rire), s’approcha du sofa et entreprit, bien malgré lui, meut comme par une force invisible, de frapper « gentiment » Malefoy sur les épaules et sur les côtes.

« Mais, arrête de te moquer de moi !! Ca suffit !! Arrête de rire ou je vais suivre tes conseils et t’étouffer pour te faire taire ! », grommelait Harry d’une voix infantile.

Drago pouffa de rire tout en se tournant pour regarder Harry.

« Qu’est-ce que t’as dit ? Que le grand Harry Potter allait suivre les conseils d’ un Drago Malefoy ?! » Drago en oublia même d’accentuer le fameux Potter, tant son hilarité était grande. « Arrête, tu vas me faire mourir de rire !! »

« En effet, Malefoy, c’est ce qui va t’arriver si tu n’arrêtes pas tout de suite ! »

« On me menace, Potter ? », cette remarque aurait pu être particulièrement acerbe, mais elle ne l’était pas vu que Drago continuait à se tordre de rire.

Harry, n’en pouvant plus, se jeta sur Drago saisissant la première chose qui lui tomba sous la main et qui se trouvait être un oreiller. Harry n’avait pas remarqué sa présence la dernière fois qu’il s’était retrouvé sur ce sofa, de toute façon, la dernière fois qu’il avait été dans cette pièce, il n’aurait même pas remarqué la présence d’une horde de Gobelins, « occupé » comme il l’était ! En tout cas, il était bien heureux d’avoir cet oreiller afin de pouvoir s’en servir pour faire taire Malefoy. (Le fait que ce dernier rit, ne le dérangeait pas, au contraire, mais il ne pouvait supporter qu’il se moque aussi ouvertement de lui !)

Alors qu’il frappait Malefoy, qui ne cessait de rire pour autant (il n’avait pas dû rire depuis longtemps, peut-être n’avait-il jamais ri d’ailleurs, en tout cas, il semblait vouloir rattraper le temps perdu et ne semblait pas prêt à s’arrêter de si tôt !), il réussit tout de même à tirer satisfaction de la situation. Il s’était rendu compte qu’il avait réussi à décoiffer et à débrailler le jeune Serpentard qui avait toujours mis un point d’honneur à être sur son trente et un et à être parfaitement gominé.

Alors qu’un sourire de victoire et de satisfaction se dessinait sur le visage de Harry, il sentit une forte poigne le saisir aux poignets, et avant qu’il ne puisse faire quoi que ce soit, il bascula en avant et se retrouva bloqué face à Malefoy. Il resta là, quelques instants, avant de se rendre compte que cette position était des plus inconvenantes. Ses bras encadraient le visage de Malefoy, et pire, il était allongé à califourchon sur lui. Malefoy ne riait plus, mais ses yeux brillaient à nouveau, ils brillaient comme ce « fameux » soir. Harry déglutit difficilement, n’osant pas bouger de peur d’ « empirer » la situation, de peur de provoquer quelque chose d’irréversible. De nouveau, il avait l’impression d’être hypnotisé par les yeux de Malefoy, par cet océan anthracite, il allait sombrer, il allait se noyer, il en avait la certitude… Il se sentit basculer, attiré par ces yeux, il savait qu’il se penchait dangereusement vers ces lèvres entrouvertes , qu’il ne regardait pas, qu’il ne voyait pas, mais qu’il savait là…

« Prêt à écouter ce que j’ai à te dire, Potter ? », l’interrompit Drago.

« oui », répondit Harry dans un souffle sans reculer pour autant.

« Tu as l’intention de rester sur mes genoux pendant que nous discutons ? », demanda simplement Drago en relâchant sa prise sur Harry et en se redressant sur ses coudes.

Harry se rendit alors compte qu’il n’avait pas bougé d’un poil, et il suivit le mouvement de Malefoy afin de se retrouver assis confortablement sur les genoux de ce dernier. Il réfléchit un court instant et un doux sourire (voire charmeur) apparut sur ses lèvres. Puis, d’un ton ingénu qu’il ne se connaissait pas, il répondit à la question de Malefoy, sans réellement se rendre compte de ce qu’il faisait.

« M’oui. Ils sont très confortables », articula Harry. Il ne reconnut pas sa propre voix tant celle-ci était infantile et « capricieuse ».

Harry sourit en franchissant le seuil de la Salle Commune des Gryffondors.

Comment ai-je pu dire ça à Malefoy ? J’en reviens pas moi-même ! Mais c’est qu’il m’énerve à être toujours aussi sûr de lui-même ! Et puis, j’ai eu l’impression qu’il était plutôt de bonne humeur ce soir… C’est vrai qu’il ne l’a pas trop mal pris… Harry pouffa de rire, il dut se retenir pour ne pas éclater de rire de peur de réveiller ses camarades, cependant, le visage de Malefoy lui revint en mémoire en un éclair.

La tête qu’il a faite quand je lui ai dit que je voulais rester sur ses genoux ! Ca valait tout l’or du monde ! Il était décomposé ! Finis les airs supérieurs à la Malefoy, fini son self-contrôle, fini son air sarcastique, oublié monsieur je suis supérieur à tout le monde et vous n’êtes que de ridicules et répugnants vers de terre, envolé le sourire emblématique à la Drago Malefoy ! Dommage que Colin n’ait pas été là ! Il aurait pu prendre de superbes clichés qui se seraient vendus très chers. Qui ne voudrait pas voir Malefoy l’air défait et les cheveux en bataille ? (En supposant, bien sûr, qu’il ne photographie que le visage de Malefoy, car une photographie en format paysage aurait très certainement révélé qui était la personne sur les genoux du « grand » Drago Malefoy, et ça, Harry n’aurait pu le supporter. Plaisanter et se rire de Malefoy,oui,mais passer pour un fou et un dépravé, non !)

Bon, de toute façon, ce qui compte c’est qu’on ait réussi à trouver un terrain d’entente et un bon plan pour se venger de George et Fred ! Harry avala lentement sa salive ayant légèrement l’impression que son œsophage avait rétréci d’un coup. Il avait l’impression qu’il venait de pactiser avec un démon. Malefoy en avait, en effet, toutes les caractéristiques, la puissance (quand il s’agissait de coups bas), le charisme (sorte de don qu’il avait pour se mettre en valeur), la fourberie (innée, chez lui !), l’ingéniosité (quand il s’agissait de planifier les fameux coups bas déjà cités), la méchanceté (innée, elle aussi), la beauté de certains…

La beauté…?

Harry, à quoi tu  penses, bon Dieu ?! Je devrais me botter le derrière pour ce genre de réflexions ! Faut croire que la potion à un très long effet sur moi… Ne t’inquiète pas, Harry, il n’arrivera « rien de bien méchant » à Fred et George. (Il prononça ces dernières paroles d’une voix quelque peu aigrie.)Comme il en avait convenu avec Malefoy, c’était à lui d’accomplir la première partie de leur stratagème, Malefoy se chargerait de la seconde… Quant à la dernière étape, ils devraient se serrer les coudes.

Harry se demandait toutefois, si le châtiment qu’ils leur réservaient n’était pas trop cruel, pourtant Malefoy avait fortement insisté sur ce point… Et puis, après mûre réflexion, Harry en arriva à la conclusion que ce n’était pas si atroce que ça ! De plus, il valait mieux « ça », qu’une pire vengeance en solitaire à la Malefoy ! Harry partit se coucher en se demandant comment il allait faire pour accomplir sa mission et passer avec brio la première étape de « mission rien n’est impossible pour un Malefoy », comme l’avait prétentieusement baptisé ce dernier.

Harry se rappela lui avoir fait remarquer que, s’ils devaient travailler en équipe, il serait judicieux que leur deux noms apparaissent dans l’intitulé. Malefoy avait médité quelques instants et, dans un sourire en coin, il avait décrété le nouvel intitulé de la mission : « Mission tout devient possible pour Potter, s’il travaille en équipe avec Drago Malefoy ». Harry avait du mal à prononcer correctement l’intitulé de la mission, et il était bien conscient qu’il lui faudrait sûrement de l’entraînement avant de pouvoir prononcer son nom à la manière de Malefoy… Pas si facile que ça, de dire un nom en conspuant la personne à qui vous vous adressez ! C’était tout un art ! Malefoy avait semblé satisfait de l’intitulé car son sourire en coin n’avait plus quitté ses lèvres. (Toujours en coin le sourire, laissant parfois apparaître légèrement sa canine, quand il était particulièrement satisfait d’un mauvais coup ou qu’il préparait quelque chose de particulièrement « grandiose »…

Parfois, Malefoy le faisait penser à un prédateur… La plupart du temps en fait… Et lui, bien sûr, se voyait endosser le rôle de la proie… La pauvre et misérable petite proie qui passe son temps à fuir… Mais ce soir, il n’avait pas pris la fuite, au contraire, il avait pris les devants… Mettant Malefoy mal à l’aise (ce qui était particulièrement jouissif) et renversant durant quelques instants les rôles. Après tout, j’aurais peut-être fait un bon Serpentard, si on met de côté leur penchant pour les génocides et leur obsession du sang pur, bien évidemment !)

Harry se rappela alors une chanson que Dudley écoutait souvent quand il était petit et que Tante Pétunia mimait pour le faire rire (beurk !!), c’était quelque chose du genre… « Ce matin un lapin a tué un chasseur, c’était un lapin qui avait un fusil… ») Harry sortit de ses pensées en se disant qu’il ferait mieux d’aller se coucher avant de s’imaginer avec de grandes oreilles, une queue en pompon et une carotte dans la bouche, ou pire, Malefoy avec… Trop tard… Il venait en effet de visualiser Malefoy accoutré d’un superbe costume de lapin de Pâques rose bonbon… Il ne put retenir ses lèvres de danser sur son visage et son sourire de s’élargir jusqu’à ses oreilles. Très mignon, pensa-t-il plus ou moins ironiquement. J’espère qu’il viendra m’offrir des chocolats dans la même tenue !  Harry partit donc se coucher hilare, ce qui ne lui était plus arrivé depuis fort longtemps.

Chapitre II – Part XI – :

Le plan : Drago

Alors que Drago se dirigeait vers les cachots, qui se trouvaient être non loin du dortoir des Serpentard, l’entretien qu’il avait eu avec Potter lui revint en mémoire. Ils avaient dû rester une bonne heure à proximité l’un de l’autre sans en venir aux mains…étonnant.

Comme à son habitude, Drago avait immédiatement pris le contrôle de la situation et avait pris grand plaisir à taquiner Potter, voyant qu’il était particulièrement mal à l’aise. Potter ne parvenait définitivement pas à cacher ses émotions et ce qu’il ressentait. Vraiment, c’était un très gros défaut qui le rendait si fragile et si vulnérable… Il faudrait qu’il lui explique certaines choses un jour…

Par contre, Drago devait bien avouer que Potter avait réussi à le prendre de court lorsqu’il s’était jeté sur lui pour le chamailler « gentiment ». Drago n’était pas habitué à ce genre de familiarités. Jamais il n’avait fait de batailles de polochons (comme cela semblait s’appeler), n’y trouvant tout simplement aucun intérêt. Se prendre des coussins dans la figure, rebondir sur les lits…très passionnant, en effet !

Plus jeune, il avait préféré apprendre toute sorte de sorts vicieux dans le but de pouvoir s’amuser de la manière la plus plaisante qui soit, en se moquant des autres, en s’amusant aux détriments des autres, en les mettant dans des situations gênantes et humiliantes, et en étant, bien sûr, aux premières loges pour pouvoir profiter pleinement du spectacle.

Il se voyait assez mal prendre son traversin et le jeter à la figure de ses camarades de chambre… Quoique, en fait, en y pensant…il n’aurait plus ainsi à supporter la vue de leurs mines patibulaires à chaque réveil, ce qui le mettait particulièrement de mauvaise humeur jusqu’à ce qu’il ne retrouve son reflet dans le miroir de la salle de bains ! Ce n’est qu’à cet instant qu’il se sentait revivre et qu’il se disait que la vie méritait d’être vécue !…

Mais bon, Crabbe ou Goyle auraient vite fait de l’encastrer dans le mur ne sachant absolument pas contrôler leur force ! C’est sûr que ça semblait pour le moins irréalisable avec des élèves de Serpentard, mais aussi ridicule, et surtout particulièrement dangereux ! Va savoir ce qu’ils pourraient cacher dans leurs traversins… Et puis, Drago n’avait pas réellement envie de se voir briser quelques côtes par ses camarades de chambre, ou alors se faire réduire le nez en bouillie…et puis, peut-être que dans leur grande amitié ils réussiraient même à l’étouffer ! Oui, ce serait réellement une très mauvaise idée… Comme quoi, ce n’était pas pour rien que Gryffondor et Serpentard ne faisaient pas bon ménage !

En tout cas, Drago pouvait être fier de lui, vu qu’il avait réussi à imposer son idée de plan à Potter. Il avait besoin de Potter pour pouvoir assouvir sa vengeance. Certes, c’était un peu étrange de collaborer avec Potter…mais la vengeance n’en serait que plus savoureuse. Drago, étant un Malefoy jusqu’au bout de ses ongles manucurés, ne supporterait plus de faire comme si rien ne s’était passé, en gardant profile bas, mais surtout, il ne supportait plus de se sentir humilié, rabaissé plus bas que terre, de voir en chaque regard une lueur de moquerie… Il n’en pouvait plus! Il avait besoin de cette vengeance ! Il méritait cette vengeance ! Grâce à elle, il pourrait « effacer » ce qui s’était passé, elle lui permettrait d’oublier, de se laver de cette humiliation, de cette « souillure ». Il ne se sentirait bien, il ne se sentirait à nouveau lui, qu’une fois sa vengeance assouvie, une fois les coupables punis.

Il ne savait pas trop ce qu’en pensait Potter, mais il semblait que lui aussi souhaitât « rendre la pareille » à ceux qui leur avait fait « ça ». Bien sûr, il avait été assez réticent au début, puis il s’était laissé convaincre… De toute façon, qui ne souhaiterait pas se venger de pareille offense ? Qui ne souhaiterait pas faire payer aux responsables un crime aussi ignoble ? Drago s’imaginait très bien les torturant à mort et leur infligeant de terribles souffrances… Cependant, lui-même s’était dit que ce serait peut-être un temps soit peu exagéré… En fait, il s’était surtout dit qu’il risquerait d’avoir de gros problèmes, et que son père ne réussirait peut-être pas à le couvrir malgré sa position au ministère de la Magie…

Le plus important était qu’il ait réussi à trouver un plan qui le satisfasse et que Potter soit susceptible d’accepter, mais aussi, qu’il ne se soit pas laissé « dominer » par Potter et par ses opinions lors de leur entretien, ce soir. Drago aimait être le maître de conférence, il ne supportait pas que quelqu’un ait plus d’importance que lui, que quelqu’un rayonne plus que lui. Il aimait tout diriger, tout planifier. 

Bien sûr, il ne pouvait nier le fait qu’il ait été particulièrement surpris par le comportement de Potter. Au début, il avait réussi à le titiller, en le mettant particulièrement mal à l’aise. Comme c’était agréable de trouver des failles chez ce Héros du Monde Magique ! Des brèches, dans lesquelles Drago n’hésitait jamais à s’insinuer. C’était tout bonnement fabuleux ; se moquer de Potter, pousser Potter à bout, faire du mal à Potter…et tout cela était si simple…pour Drago en tout cas.

Il savait depuis son plus jeune âge comment s’y prendre. Il avait été bercé depuis sa plus tendre enfance par des phrases telles que : « Connais tes ennemis aussi bien que tes amis, voire mieux » (Son père n’oubliant jamais d’ajouter « De toute façon un Malefoy n’a pas d’amis et n’en a nul besoin ! »), « Frappe toujours là où ça fait le plus mal, et n’hésite jamais à tourner et à retourner le couteau dans la plaie ». Drago avait été à bonne école et avait bien retenu la leçon. Il n’était pas peu fier, d’ailleurs, de ses capacités et de ses aptitudes à les mettre en pratique. Et tout particulièrement lorsque Potter était en question. Toutes ces années passées à l’observer pour trouver ses moindres points faibles, savoir quoi faire et quand pour lui être le plus insupportable, le plus abjecte, le plus abominable, le plus dangereux, mais également savoir quelle serait sa réaction. Il ne se trompait que rarement sur la façon de réagir de Potter, sur ce qu’il allait faire, sur ce qu’il allait dire, sur ce qu’il allait ressentir…

Cependant, il devait bien admettre que ce soir Potter l’avait bluffé ! Il ne s’était pas attendu à ce que Potter se jette sur lui avec cet oreiller et qu’il mette la pagaille dans sa merveilleuse chevelure gominée, mais plus surprenant encore, il aurait cru qu’il se serait enfui en courant une fois conscient de leur position passablement trop « rapprochée ». Il avait pris grand plaisir à lui demander s’il souhaitait passer toute la soirée sur ses genoux, le regard plein de moquerie hautaine, en attendant de voir son visage se décomposer et ses joues prendre une teinte de tomate bien mûre…

Mais cette fois-ci, c’est lui qui en avait pris pour son grade ! Quelle n’avait pas été sa surprise, lorsque Potter lui avait répliqué qu’il était très bien là où il était, et ne semblait pas prêt à bouger d’un iota! Drago n’avait pu empêcher son masque de se fissurer. Jamais, oh grands dieux, il n’aurait pu envisager cela ! Potter parvenait donc encore à le surprendre après toutes ces années ?! Comme Drago s’en voulait d’être resté là, sans un mot, ne parvenant pas à trouver une réplique adéquate. Ne s’attendant pas à un tel comportement de la part du jeune Harry Potter, il n’avait rien fait ! Il ne savait pas si Potter avait fait cela dans le but de se moquer de lui, de le mettre mal à l’aise, ou bien tout simplement parce qu’il pensait vraiment que ses genoux étaient confortables… En tout cas, il avait été abusé, et il n’aimait vraiment pas endosser le rôle de celui qui se fait « dominer », mais alors vraiment pas !

Le plus surprenant, était sûrement que c’était Rusard qui lui avait sauvé la mise. Alors qu’il fixait Potter dans le blanc des yeux, incrédule, muet et passablement choqué, ils avaient entendu les miaulements significatifs de Miss Teigne. Rusard n’était donc pas loin…

« Qu’il y a-t-il ma belle ? », l’avaient-ils entendu demander de l’autre côté de la porte de sa voix grinçante de tortionnaire. Leurs yeux, qui s’étaient quittés durant un court instant pour regarder en direction de la porte, se croisèrent de nouveau, et tous deux réagirent en même temps. Etre trouvés au beau milieu de la nuit, par Rusard, dans l’enceinte de Poudlard, en dehors de leur dortoir respectifs, ne serait déjà pas une bonne chose… Mais être retrouvés sur un sofa dans une pose aussi humiliante et aussi significative, l’était encore moins ! Ils s’étaient tous deux précipités derrière le sofa, ne bougeant plus, ne parlant plus, ne respirant même plus. Ils avaient entendu la porte s’ouvrir, Rusard avait dû scruter la pièce qui était à présent dans l’ombre (Drago ayant éteint la lumière qui jaillissait quelques instants plus tôt de sa baguette), et était resté un instant, puis ils l’avaient entendu renifler et partir, en quête sûrement de pauvres élèves à surprendre et à faire punir.

« C’était moins une », murmura Harry à l’oreille de Drago.

« Vu tout le boucan que tu as fait, c’est une chance qu’à l’heure actuelle tout Poudlard ne soit pas au courant de notre présence dans cette salle ! », répliqua froidement Drago qui avait récupéré toute sa contenance.

« Tout le boucan que j’ai fait ?! Qui est-ce qui était mort de rire il y a à peine quelques minutes ?! », grogna Harry qui acceptait mal le fait que Drago souhaitât lui faire porter le chapeau comme d’habitude.

« Mort de rire ? (Certainement une expression moldue…). Pour ta gouverne Potter, je ne ris jamais ! », mentit allègrement Drago avec grande conviction.

Harry roula les yeux et soupira. Il ne souhaitait pas se lancer dans ce genre de conversations à cette heure de la nuit et surtout avec Malefoy, qui mentait comme un arracheur de dents, et qui aurait pu faire croire n’importe quoi à n’importe qui tant il était à l’aise dans le mensonge.

« Restons-en là, veux-tu ? Monsieur le constipé du rire… », continua Harry.

Drago l’interrompit brusquement. « Quoi ?! Ne t’avise plus jamais, Potter, de t’adresser à moi de la sorte ! Nous ne sommes pas « amis » (de toute façon aucun membre de ma maison n’oserait s’adresser à moi ainsi !) et nous n’avons pas les mêmes valeurs ! »

« C’est sûr que nous ne sommes pas amis, Dieu m’en garde ! Pour ce qui est des valeurs, je ne savais pas que les Malefoy en avaient, ni même qu’ils connaissaient le sens de ce mot… Mais attends, peut-être n’avons-nous pas la même définition de ce terme ? », ironisa Harry.

Les yeux de Drago étaient comme fous, cependant Harry fut surpris de voir un sourire se dessiner sur ses lèvres.

« Tu sais quoi, Potter ? Tu as de la chance que je considère que tu pourrais m’être utile pour assouvir ma vengeance afin de me laver de l’affront qu’ils m’ont fait. Mais aussi, que je ne donne absolument aucune importance à ce que tu dis.  Je ne vais donc pas me rabaisser à entrer dans ton jeu et à perdre mon temps en conversations stériles… », dit calmement Drago.

Voyant que Harry ne répondait pas, il ajouta : « Venons-en aux faits, et mettons-nous d’accord. »

Harry acquiesça. Ils parlèrent longuement. Après quelques hésitations, quelques précisions et quelques modifications, leur plan était fin prêt, parfait, comme disait Drago. Ils se regardèrent un certain temps, puis se serrèrent la main pour sceller leur accord, chose qui leur parut aussi inhabituelle, bizarre et gênante à l’un que l’autre.

Bien sûr, tous deux se rappelaient leur première année, où Harry avait refusé de serrer la main de Drago en haut du grand escalier qui devait les mener à la Grande Salle, et qui avait du même coup refusé l’amitié que Drago lui offrait, l’amitié d’un Malefoy ! (Chose qui ne se refusait naturellement pas !) Drago avait hésité à lui tendre de nouveau la main, se disant en lui-même que la rancœur était toujours présente, qu’il ne pourrait jamais pardonner à Potter ce geste, et qu’il le lui ferait regretter jusqu’à la fin da sa misérable existence. Puis il l’avait fait, souhaitant quelque part forcer Harry à faire ce geste, faire ce geste qu’il avait sciemment refusé de faire cinq ans auparavant, l’obliger à reconnaître son erreur. Harry l’avait regardé, avait baissé les yeux vers cette main tendue, puis le défiant du regard au travers de ses verres, il lui avait serré la main d’une forte poigne, d’une poigne ferme et décidée.

« Ok Malefoy, va pour ton plan ! Je ne sais pas si je peux réellement te faire confiance…mais, je suppose que tout comme moi tu as envie de te venger, et que du moment que nous sommes à Poudlard en présence des professeurs et de Dumbledore, tu ne feras rien de dangereux et de stupide… Alors, je marche !

Chapitre II – Part XII – :

Le jour J !!

La semaine avait passé rapidement. Il avait fallu plusieurs jours à Harry et Drago pour faire en sorte que leur plan soit fin prêt et pour pouvoir le mettre en pratique. Le samedi tant attendu (surtout par Drago) et quelque peu redouté (surtout par Harry), était enfin arrivé.

Tous devait se rendre à Pré-au-lard cette après-midi, et c’est là-bas que Drago et Harry avaient décidé de mettre leur plan à exécution. En fait, l’idée venait bien sûr de Drago, mais il avait semblé à Harry que ce serait, en effet, le moyen le plus simple, et que, vu que le plan était déjà suffisamment compliqué…

Harry ne se sentait pas très bien ce matin. Il était tellement anxieux qu’il ne cessait de touiller, déplacer, puis replacer les aliments qui se trouvaient dans son assiette. Il appréhendait réellement ce qui allait se passer d’ici quelques heures, plus très sûr de vouloir le faire…

Hermione et Ron étaient avec lui. Ils s’étaient enfin réconciliés, mais avaient toujours du mal à se regarder dans les yeux, et finissaient indubitablement par rougir à un moment ou un autre.

Les jumeaux étaient venus plus ou moins s’excuser en leur expliquant ce qu’ils avaient fait et pourquoi ils l’avaient fait, sans oublier de rajouter que maintenant que le premier pas avait été franchi, grâce à eux bien sûr, ils n’avaient plus qu’à sortir gentiment ensemble. Puis, n’en pouvant plus de garder secret leur plan machiavélique et surtout la réussite de ce dernier, ils étaient descendus dans la Salle Commune et avaient raconter toute l’histoire aux Gryffondor présents. Le nombre des élèves s’était rapidement multiplié et tous riaient en écoutant les jumeaux raconter leurs exploits et en les regardant mimer les scènes les plus comiques. Cependant, ni Ron ni Hermione n’avaient ri en entendant leur récit, en découvrant leurs péripéties pour obtenir les ingrédients, en découvrant le nom des victimes des « ratages » comme ils les appelaient, ayant « légèrement » l’impression d’appartenir à ce dernier groupe ! Comme Harry les comprenait ! Mais il ne pouvait raisonnablement pas aller les voir pour leur raconter ce qui lui était arrivé à lui ! Bien sûr, ça leur aurait très certainement remonté le moral, mais Harry n’aurait pu y survivre ! Alors, il se disait qu’il préférait encore faire ce qu’il avait décidé de faire avec Malefoy, considérant qu’il les vengerait du même coup !

« Harry, ça va ? Tu es tout pâle et puis tu n’as pas touché à ton assiette… », demanda Hermione inquiète.

Harry considérait vraiment Hermione comme la sœur qu’il n’avait jamais eue, (tout comme Ron était en quelque sorte son frère), toujours à veiller sur lui, à s’inquiéter pour lui, à remarquer les moindres changements dans son comportement.

« Tout va bien, Hermione, ne t’inquiète pas. C’est juste que j’ai mal dormi cette nuit. » Que ne venait-il pas de dire ? Hermione semblait encore plus inquiète !

« Tu as fait des cauchemars, Harry ? Des cauchemars en rapport avec (puis elle baissa la voix et se pencha vers lui) Voldemort ? Tu as mal à ta cicatrice ? Tu devrais peut-être aller voire madame Pomfresh ? Peut-être vaudrait-il mieux que… »

« Hermione », l’interrompit Harry, « Tout va bien. Je n’ai absolument pas rêvé de lui. C’est juste que j’ai eu du mal à trouver le sommeil. » Harry avait préféré la couper net avant qu’elle ne se lance dans un raisonnement et une succession de questions, car alors, plus personne n’aurait pu l’arrêter (sauf Rogue, bien sûr !).

« Ah bon ? T’as eu du mal à t’endormir ? Pourquoi ? Tu stresses à cause des examens ? Tu sais bien que si tu as un problème, il suffit que tu me demandes… », recommença Hermione.

« Je ne pense pas que ce soit ça, Hermione », la coupa gentiment Ron en lui souriant. « Il n’y a que toi, Hermione, qui commence à réviser trois mois avant les examens ! » (Eh oui, cela faisait déjà un bon mois que Hermione révisait en vue des examens !)

Puis se tournant vers Harry, son sourire s’élargit, et il ajouta : « Comment s’appelle l’heureuse élue ? »

Harry écarquilla les yeux et regarda son ami comme si une paire de cornes venaient de lui pousser sur le sommet de la tête.

« De quoi parles-tu, Ron ? »

« Allez, Harry, ne te fais pas prier ! Dis-nous qui c’est ! », insista Ron.

« T’es bête, Ron ! Ca doit être Cho ! », renchérit Hermione qui n’était pourtant pas du genre à intervenir dans ce genre de conversation.

Harry rougit légèrement. Bon Dieu ! Pourquoi faut-il que je rougisse aussi facilement ! « Arrêtez ! Ce n’est ni Cho, ni personne d’autre ! J’ai juste mal dormi ! »

Pourquoi fallait-il toujours qu’ils exagèrent tout le concernant ? Si quelqu’un d’autre n’avait pas réussi à trouver le sommeil, tout aurait été normal, mais comme c’était lui, ses amis envisageaient bien sûr les pires hypothèses et les scénarios les plus catastrophiques !

« Bien dormi, Harry ? » Les jumeaux venaient de quitter la table des Gryffondor et passaient derrière eux. Hermione et Ron les regardèrent les yeux plein d’une fureur mal contenue. Bizarrement, ils ne leur avaient toujours pas pardonné…

« M’ouais », répondit vaguement Harry. « Au fait, n’oubliez pas qu’on se retrouve à 16h00 aux Trois Balais. »

« Envie de bière-au-beurre, Harry ? », le taquina George. Fred ne put se retenir et pouffa de rire.

« N’y songez même pas ! », intervint immédiatement Hermione. « Je vous déconseille fortement d’essayer d’ajouter votre potion, ou bien de l’alcool, ou quoi que ce soit d’autre, dans les bières-au-beurre ou dans n’importe quelle boisson que ce soit. » Hermione avait pris une voix particulièrement menaçante.

Les jumeaux ne purent s’empêcher de rire.

« A votre place, je ne rirais pas », ajouta-t-elle une octave plus bas. « Connaissez-vous le sort de la Ratatouillasse ? »

Tous deux la regardèrent surpris. Apparemment, ils ne connaissaient absolument pas ce sort mais le nom ne leur paraissait pas très encourageant.

« Eh bien, si vous ne souhaitez pas être mes prochains cobayes… Je ne vous conseillerais trop de rester à distance raisonnable de nos boissons ! » Puis elle ajouta, connaissant parfaitement l’esprit fourbe de ces deux joyeux lurons : « De toute boisson ! »

Fred et George se regardèrent et lui répondirent en chœur avec un grand sourire : « Promis, jurés, crachés ! »

« De toute façon, nous n’avons plus de potion ! », ajouta Fred tristounet.

« Comme c’est dommage ! », ironisa Ron.

Les jumeaux le regardèrent et lui firent un sourire des plus innocents. Lee Jordan, qui les attendait apparemment depuis un certain temps dans le Hall, les interpella.

« Bon, on y va ! », lancèrent les jumeaux.

« Et ne soyez pas en retard ! N’oubliez pas que c’est vous qui régalez ! », ajouta Harry.

« Mais c’est notre anniversaire ! », tentèrent les jumeaux.

« Justement ! »,insista Harry.

« Et ne vous attendez pas à avoir des cadeaux ! », insista Ron.

         « C’est pas juste ! Toi, tu régales jamais pour ton anniversaire ! », les jumeaux s’adressant à Harry.

         « Ce n’est pas de ma faute si je suis né en juillet, et qu’il se trouve que le mois de juillet est en plein été, c’est-à-dire au beau milieu des vacances…», répondit innocemment Harry.

         « Et puis, c’est à vous de vous faire pardonner ! », insista Hermione.

         Les jumeaux ne répondirent rien. Vu le ton glacial de Hermione, personne ne s’y serait risqué. Ils courbèrent l’échine et partirent en traînant des pieds, l’air pitoyable, avec un léger « A tout à l’heure…Bouh !! » Quels comédiens !!, pensa Harry.

         Quelques instants plus tard nos trois camarades, accompagnés de Neville, Seamus et Dean, quittaient à leur tour la Grande Salle et prenaient la route de Pré-au-lard.

        



05/06/2008
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