XLOVE59-BOY

harry potter:Une petite Bière-au-beurre?(2)

Chapitre II – Part I – :

Bien dormi ?

         Harry était confortablement allongé sous ses couvertures et refusait obstinément, sans réellement savoir pourquoi, d'émerger de son sommeil et d'ouvrir les yeux. Il était dans une sorte de léthargie, mais une étrange léthargie. Son corps lui semblait lourd, complètement engourdi et ankylosé, alors que son esprit, lui, avait l'air tout à fait alerte et éveillé.

 

Il pouvait sentir la douce lumière matinale inonder sa couche, il entendait le doux chant des oiseaux qui venaient se percher sur le rebord des petites fenêtres de leur dortoir, tout comme il entendait les bruits devenus familiers qui accompagnaient ses réveils dans la tour des Gryffondor auprès de ses camarades de chambre… Cela faisait cinq ans déjà qu'ils partageaient le même dortoir, Harry connaissait donc par cœur les habitudes de chacun.

 

Seamus, comme toujours, prenait bruyamment sa douche, chantant à tue-tête sa chanson moldue préférée : (everything I do) I do it for you, le générique de fin du célèbre film « Robin des Bois – Prince des voleurs ». Seamus était un grand fan de Bryan Adams et de Kevin Costner… Bizarrement, Harry, qui avait toujours apprécié ce film, ne supportait plus d'en entendre parler, il se hérissait à chaque fois qu'il se remémorait certains passages, car le méchant en chef du film, le shérif de Nothingam, lui rappelait vaguement un certain professeur de Poudlard, pour être plus précis, le professeur de Poudlard qu'il appréciait le moins. Vu qu'il le voyait déjà suffisamment durant son année d'études (pendant les cours et à chaque repas), il n'allait quand même pas passer des heures à regarder un film où son sosie ne cessait d'apparaître à l'écran, surtout qu'il était souvent en gros plan ! La seule scène, qui le faisait toujours autant rire, était celle où le shérif était allongé sur Marianne, et où il tentait, tant bien que mal, de consommer leur « union », avec des réflexions du genre : « Je n'y arriverai jamais avec un boucan pareil ! ». Harry ne put s'empêcher de sourire mentalement en imaginant Rogue dans la même situation… C'est sûr qu'avec ses airs de corbeau taciturne, il ne devait pas être un tombeur de ces dames ! D'ailleurs, Harry n'était absolument pas étonné qu'il soit encore célibataire à son âge déjà bien avancé, et il aurait pu mettre sa tête à couper en pariant qu'il le resterait probablement à tout jamais…

Outre le massacre du tube de Bryan Adams, Harry pouvait entendre les jérémiades continues de Neville qui passait toutes ses matinées à vérifier qu'il avait bien fait tous ses devoirs pour la journée. Bien fait dans le sens où il pourrait rendre quelque chose d'écrit, ensuite savoir si ce qu'il avait fait était bien fait ou non… c'était une autre histoire ! Vu à quel point Neville semblait désemparé et ne cessait de se répéter la même chose, Harry en déduisit qu'aujourd'hui devait être soit un lundi, soit un jeudi, et que leur premier cours devait être le fameux cours de potions que tous les Gryffondor redoutaient tant, et tout particulièrement ce pauvre Neville que Rogue avait pris en grippe dès leur première année.

Dean, lui, dont il ne sentait pas la présence, devait être dans la Salle Commune en train de supplier Hermione de l'aider à finir ses devoirs de potions qu'il faisait toujours au dernier moment. Quant à Ron, il dormait peut-être encore.

         S'étant souvenu que ces trois premières heures de cours allaient être des plus éprouvantes pour lui, pour ses amis et pour leur maison, Harry se renfrogna à l'idée de devoir se lever. Combien de points allaient-ils encore perdre aujourd'hui ? Qui serait le premier Gryffondor à faire perdre des points à sa maison ? Cela était devenu sujet à parie entre eux, Lee Jordan s'occupait d'ailleurs de tenir à jour le Top 10 des élèves de Gryffondor qui faisaient perdre le plus de points à leur maison… Bien sûr, Harry avait l'immense honneur de trôner à la première place du classement (et cela depuis quelques bonnes semaines à présent), il était cependant suivi de très près par les jumeaux Weasley qui étaient à peu près à égalité à la deuxième et la troisième place, venait ensuite Neville et Ron. (Trois Weasley dans les cinq premières places, ça faisait beaucoup, non ? Et trois élèves de cinquième année aussi d'ailleurs…) Harry s'était toujours demandé pourquoi sa maison ne faisait pas un Top 10 des élèves qui rapportaient le plus de points à leur maison… Après tout, à la fin de leur première année, il avait quand même rapporté les soixante points qui leur avait permis de se retrouver à égalité avec Serpentard (de même que Ron avait rapporté cinquante points et Neville dix !). Bon, OK, ils avaient réussi à leur faire perdre cent cinquante points en une seule nuit…mais tout de même !

         Alors qu'il se sentait basculer lentement dans un doux sommeil, profitant de ce sentiment de confort et de bien-être unique que l'on ressent lorsque l'on est entre songe et réalité, Harry sentit quelque chose, non, plutôt quelqu'un bondir sur son lit. Ron.

         « Allez, HARRY, réveille-toi!! », dit Ron d'une voix lassée mais ferme.

         « Allez, ça fait au moins la dixième fois que je t'appelle ! LĖVE-TOI !! »

Ces mots furent suivis de fortes secousses, Ron semblait l'avoir agrippé par les épaules et le secouait comme un arbre fruitier pour en faire tomber les fruits mûrs.

         Harry sentit une vive douleur traverser son front et ses paupières closes, et il ouvrit péniblement les yeux. Il croisa le regard de son ami (qui ne le serait plus pour très longtemps s'il s'avisait encore de le réveiller d'une manière aussi brutale !) et vit un air satisfait se dessiner sur son visage.

         « Enfin ! C'est pas trop tôt ! Allez, dépêche-toi, sinon Rogue va nous étriper… Enfin, dans le meilleur des cas… »

         Harry se dit qu'il avait déjà bien trop pensé à Rogue en ce début de matinée et qu'à cause de cela un énorme mal de crâne pointait à l'horizon. Alors qu'il esquissait un mouvement pour se lever, il se rendit compte à quel point son corps entier le lançait. Il ne pouvait pas bouger. Dès qu'il essayait de bouger le moindre membre, le moindre de ses muscles, ceux-ci refusaient de s'exécuter et se contractaient violemment en lui provoquant une douleur inouïe.

         Bon Dieu ! Qu'est-ce qui m'arrive ?! Pourquoi j'ai aussi mal ?!

         Il ne mit pas trop longtemps (lui sembla-t-il) à se rappeler que la veille il avait eu un match de Quidditch éprouvant et que cela l'avait épuisé aussi bien mentalement que physiquement.

         Oui, mais quand même… Je n'ai jamais eu aussi mal auparavant… !

         Puis, il se remémora la soirée…soirée très agréable…à laquelle il avait en fait apparemment trop bu ! Il se rappela s'être levé pour aller se rafraîchir… Il avait dû aller aux toilettes du premier puis…plus rien…

         Ron revint à la charge et le secoua de nouveau, retirant les couvertures et le tirant « amicalement » hors de son lit. Ron lui rappela à cet instant l'insupportable roquet de Mrs Figg qu'il avait si souvent voulu shooter en pleine tête ! Ne supportant plus d'être secoué comme un prunier et ayant réellement peur que son ami ne finisse par arracher une partie ou une autre de son corps, Harry s'assit difficilement et douloureusement sur le bord de son lit.

A peine avait-il eu posé un pied à terre qu'il se précipita dans la salle de bains, envoyant au passage Neville dans le décor et surprenant Seamus sous la douche qui s'arrêta définitivement de croasser et qui poussa un cri des plus puritains !

         « Ah !! Harry, qu'est-ce que tu fais ?? Ne regarde pas !! »

         Pour toute réponse, Harry plongea la tête dans la cuvette et vomis tout ce que son estomac contenait.

         « Putain… C'est pas vrai… Malefoy… », réussit-il vaguement à baragouiner.

         Ron, qui s'était précité à sa suite , pour le plus grand déplaisir de Seamus, le regardait interloqué, la bouche grande ouverte.

         « Qu'est-ce que tu viens de dire, Harry ? »

         Harry, qui tentait tant bien que mal de reprendre ses esprits, essayant vainement de chasser une foule d'images qui déferlaient dans sa tête, releva un peu le visage et s'adressa à son ami d'une voix chevrotante.

         « J'ai dit : Putain…C'est pas vrai…Ras-le-bol… »

         « Ah ! Tu me rassures ! J'ai cru que tu avais prononcé le nom de Malefoy ! »

         A l'évocation du nom « maudit », Harry recracha une autre partie de son dîner de la veille (s'il en restait encore quelque chose).

         « Ron », intervint Seamus, « tu veux le tuer ou quoi ?! Quelle idée de prononcer le nom de Malefoy de si bon matin ! »

         Une nouvelle avalanche dans la cuvette.

         « Oh, désolé Harry. »

         Alors que de violents spasmes secouaient le corps de Harry, l'obligeant à rester agrippé à la cuvette, la brume qui enveloppait son esprit s'évapora petit à petit… Plus les souvenirs se clarifiaient, plus Harry avait l'horrible impression qu'il allait recracher ses intestins.

Chapitre II – Part II – :

L'esquimau du Grand Nord ?

         Ses amis étaient descendus depuis une bonne demi-heure, lorsque Harry se décida à aller les rejoindre. Il était resté un long moment la tête collée à la cuvette, le regard perdu dans le vide. Toutes ces images… Tout cela ne pouvait être vrai… Même dans les pires films d'horreur ou de science-fiction, ce genre de choses n'arrivait pas ! Il avait bien passé un bon quart d'heure à se brosser les dents frénétiquement dans l'espoir de faire disparaître ce goût de sa bouche, pas tant celui de la bile que celui de Malefoy.

En descendant le grand escalier qui devait le mener à la Grande Salle, Harry se surprit à espérer que tout cela n'était qu'un mauvais rêve. Puis, petit à petit, en raisonnant « logiquement », il réussit à se convaincre que tout cela n'était en effet qu'un rêve. Maintenant qu'il était complètement éveillé, il se demandait, en fait, comment il avait pu croire une seule seconde que cela avait réellement eu lieu. Mais le fait qu'il sache, enfin, qu'il espère très fort, que tout cela n'était qu'un cauchemar, ne le consolait que fort peu, vu le contenu dudit cauchemar.

Malheureusement, Harry était habitué aux cauchemars : les douloureuses réminiscences de la mort de ses parents, les menaces des Mangemorts, les crimes de Voldemort… Il était toujours terrifié à son réveil… Pourtant, ce matin, il s'était senti si bien, si paisible… Avant d'avoir essayé de bouger, bien sûr !

Tandis qu'il arrivait au bas de l'escalier, de nouvelles images s'imposèrent à son esprit…des images qui firent naître des rougeurs sur ses joues, qui ce matin étaient bien pâles comparées à d'habitude.

         Mon Dieu… Comment ai-je pu rêver d'un truc pareil ?? Je sais qu'à mon âge il est normal que mes hormones me travaillent, mais là, quand même… Rêver de Malefoy ! Et surtout dans ce genre de contexte ! Rêver de Malefoy, est déjà en soi quelque chose d'horrible… Mais rêver de « fricoter » avec Malefoy est tout bonnement…c'est…c'est…

         Harry ne parvint pas à mettre le doigt sur le mot qui serait le plus approprié pour décrire ce qu'il ressentait. Arrivé dans la Grande Salle, il prit place à côté de ses camarades, entre Hermione et Neville, parfaitement convaincu que tout cela n'était qu'un rêve…un très mauvais rêve.

Alors qu'il s'asseyait, une lame de douleur traversa son corps. Harry respira un bon coup et s'assit plus « confortablement ». La douleur éprouvée au réveil semblait refaire surface… La douleur n'était certes pas insupportable, et Dieu sait que Harry avait déjà connu pire, mais elle restait présente et fortement désagréable. Entre les douleurs physiques, le mal de crâne, l'horrible cauchemar, et les trois heures de tortures qui l'attendaient avec Rogue d'ici peu, Harry se dit qu'il aurait mieux fait de ne pas se lever aujourd'hui !

 

         Durant le petit-déjeuner, Harry tenta vainement de se convaincre de toucher aux plats qui se trouvaient devant lui, mais aucun des aliments posés sur la table ne lui semblait actuellement « ingurgitable ». Plus par habitude que par réel intérêt, Harry leva la tête de son bol de céréales qui, ce matin l'inspirait définitivement autant qu'un aquarium vide, et balaya du regard la table des Serpentard. Il s'attendait à croiser le regard haineux de Malefoy (qui se trouvait être en face de lui à tous les repas), auquel il avait le droit à tous les petits-déjeuners depuis maintenant cinq ans et sans lequel une merveilleuse journée à Poudlard ne pouvait débuter, lorsqu'il vit que sa place était vide. Cela l'étonna quelque peu car, bien qu'il n'ait jamais fait très attention à Malefoy (l'être humain est ainsi fait qu'il réussit à se persuader lui-même de croire en des choses complètement erronées), il avait tout de même remarqué qu'il était toujours parmi les premiers à descendre pour prendre son petit-déjeuner.

 Harry venait à peine de remarquer l'absence du jeune Serpentard que celui-ci déboula dans la Grande Salle d'un pas conquérant, de cette démarche typique qui semblait dire au monde entier qu'il l'abhorrait et le dominait. Harry fut surpris, tout comme la table des Serpentard apparemment (il était difficile d'interpréter les expressions faciales des Serpentard lorsqu'elles n'affichaient pas le dégoût ou leur prétendue supériorité), de le voir porter une écharpe en plein mois d'avril. Bien sûr Harry connaissait l'expression moldue « En avril, ne te découvre pas d'un fil », mais il ne se rappelait pas avoir jamais vu Malefoy tenir compte de ce genre de « conseils »…

Il ne faisait pas très beau, certes, mais il ne gelait pas non plus ! Peut-être avait-il pris froid ? Peut-être était-il malade ? Harry refoula immédiatement cette marque d'attention et de « légère » inquiétude qu'il avait éprouvée pour le Serpentard, se donnant mentalement une énorme gifle pour se remettre les idées en place.

         Drago prit place à la table de ses congénères comme un prince vient se joindre à sa cour. Alors qu'il ignorait royalement ses camarades, Pansy Parkinson, qui était assise à côté de lui, lui adressa la parole.

         « Qu'est-ce qui t'arrive Drago ? Tu es malade ? », lui demanda-t-elle, l'air réellement inquiète. N'obtenant aucune réponse de sa part, elle s'aventura à réitérer sa question. « Drago, tu es malade ? Est-ce que ça va ? »

         Drago ne daigna pas même la regarder et siffla entre ses dents : « Ca va. »

         Tous les Serpentard, qui se trouvaient assis à proximité de Drago, furent étonnés qu'il s'adresse ainsi à sa petite amie. Bien sûr, Drago n'était pas réputé pour être très expressif quant à ses sentiments pour Parkinson, il était plutôt du genre pudique voire même froid, mais jamais il ne se permettait une parole déplacée envers elle. Elle avait l'air bouleversée et blessée. Mais apparemment, cela n'intéressait pas Drago ce matin. Marcus Flint et Blaise Zabini, étant ses « amis » les plus proches (après Crabbe et Goyle qui, de toute façon, étaient pour le moment littéralement plongés dans leurs bols de chocolat chaud) et ses aînés, décidèrent de prendre la relève.

         « Alors Drago, qu'est-ce qui t'a mis de si bonne humeur ce matin ? », lui demanda Zabini dont le ton était toujours ironique même lorsqu'il ne le souhaitait pas. (Dur d'avoir l'air sympathique quand on était un Serpentard !)

         Aucune réponse. Juste un regard noir.

         « Et puis, qu'est-ce qui t'as pris de mettre cette écharpe ? », ajouta Flint.

         Toujours pas de réponse. Toujours ce même regard noir, peut-être un peu plus meurtrier cette fois-ci.

         « Tu as perdu ta paire de gants l'esquimau, si tu veux je peux te prêter la mienne ? », renchérit intelligemment Flint. Certains Serpentard sourirent dans leurs barbes, il n'était jamais bon de se mettre un Malefoy à dos.

Alors que personne ne s'y attendait, Drago se leva et agrippa Flint qui se trouvait être en face de lui. Drago n'en venait jamais aux mains habituellement, ses répliques acerbes et aiguisées suffisaient en général à calmer quiconque aurait eu envie de se frotter trop longtemps à lui .

         « Flint, fous-moi la paix ou il t'en cuira ! », dit-il d'une voix à faire froid dans le dos.

         Nombreux furent les Serpentard à sentir un courant glacé leur parcourir l'échine. La guerre était déclarée. Flint avait agrippé le poignet de Drago et menaçait de se jeter sur lui, Crabbe et Goyle étaient sur le qui vive prêts à intervenir au moindre mouvement pour le  protéger, quant à Zabini, qui était le plus diplomate des Serpentard (il était bien connu que la diplomatie n'était pas le point fort des Serpentard), il posa une main amicale sur l'épaule de Drago.

         « C'est bon, Drago, tu peux le lâcher. On voulait juste te taquiner un peu. » (Quelle idée aussi d'aller taquiner Drago alors qu'il semblait être d'humeur massacrante !) Il semblait évident que Zabini cherchait à désenvenimer la situation, mais la colère de Drago avait atteint son paroxysme et il le repoussa violemment. Alors qu'il basculait dangereusement en arrière, Zabini se rattrapa à la première chose qui lui tomba sous la main…l'écharpe de Drago. Cette dernière lui resta dans la main, et alors qu'il se retournait furieux pour faire face à Drago, ce qu'il découvrit le calma net.

         « Drago, ton cou… », articula-t-il difficilement.

         A présent, toutes les personnes qui entouraient Drago pouvaient voir l'état de son cou…il était couvert de suçons ! Beaucoup de Serpentard ne purent se retenir plus longtemps et éclatèrent de rire. D'autres, les filles en général, semblaient choqués. La pauvre Parkinson était restée la bouche grande ouverte n'en croyant pas ses yeux. Drago, rouge de honte (c'était une première !), se rassit et posa son front dans sa paume droite, la mine complètement défaite. La rumeur ne mit pas longtemps à se répandre dans toute la Salle, tous les élèves avaient les yeux braqué sur lui à présent, et Harry ne faisait pas exception.                                     

         Harry avait assisté à toute la scène. De là où il était, il n'avait pas tout de suite compris de quoi il en retournait. Quand il avait vu Malefoy saisir Flint par le col, il avait été très surpris. Malefoy ne s'était jamais montré violent jusqu'à présent, à part verbalement (et peut-être durant les matchs de Quidditch). Puis, l'ampleur des murmures et des rires s'étant fait tels que tout le monde se chuchotait déjà l'Evénement de l'année, Harry avait enfin su ce qu'il se passait.

Harry ne pouvait détacher son regard de Malefoy, et ce dernier finit par lever les yeux vers lui. S'il avait pu lancer des Avada Kedavra juste par le regard, Harry se serait retrouvé dix pieds sous terre en moins de deux. Les yeux de Malefoy n'exprimait qu'une seule chose : la haine.

Harry était abasourdi et terrifié, mais pas tant par ce regard (qui, sur le coup, lui sembla capable de mettre en déroute n'importe quel Détraqueur) que par la terrible révélation qui venait de s'imposer à son cerveau à une vitesse fulgurante.

C'est moi qui ai fait ça ? C'est moi qui ai fait ça ! C'est pas possible ! C'était pas un rêve ?! J'ai vraiment fait ça ?! J'ai vraiment fait tout ça ?!

 Harry sentit de nouveaux spasmes secouer son estomac et il se leva, laissant ses camarades profiter de l'hilarité générale. Harry n'avait plus que deux solutions ; soit aller se jeter du haut de la tour d'Astronomie comme il  avait planifié de le faire la veille, soit attendre gentiment que Malefoy vienne s'occuper de son cas.

La deuxième solution lui semblait particulièrement envisageable et détestable, vu qu'il s'imaginait les pires tortures que Malefoy pourrait lui infliger. Vu l'état dans lequel semblait être le jeune Serpentard au petit-déjeuner, il devait très certainement déjà méditer à la question et imaginer les pires supplices qu'il pourrait lui faire subir. Et malheureusement pour Harry, c'était un domaine dans lequel Malefoy excellait !

Harry remonta dans la tour des Gryffondor pour aller chercher son énorme livre de potions qu'il avait, comme toujours, oublié de prendre.

Pourquoi fallait-il justement qu'ils aient cours de potions ce matin ?

Malefoy ne raterait certainement pas cette superbe occasion de se venger ! Harry savait que ce cours serait le pire qu'il ait jamais eu. Cela ne lui laissait que peu de temps à vivre encore sur cette terre… Il se demanda rapidement si Malefoy, dans sa grande bonté, lui accorderait un dernier souhait, la dernière volonté d'un homme condamné…

Il inspira à plein poumon, et traversa le tableau de la grosse dame en rose qui gardait la Salle Commune des Gyffondor. Puis il s'engagea vers les cachots d'un pas décidé.

S'il fallait mourir au champ d'honneur, autant y aller la tête haute !

Chapitre II – Part III – :

« Tu t'es vu quand t'as bu ? »

        

Alors que Harry traversait le dernier couloir sombre qui devait le mener au cachot où Rogue leur faisait cours, il surprit la conversation et les rires d'un groupe de filles parmi lesquelles se trouvaient les préfètes de Serpentard et de Serdaigle.

         « T'as vu la tête de Drago ?! C'était bien la première fois de ma vie que je le voyais rougir ! Tu te rends compte ? Alors que ça fait cinq années que je le côtoie tous les jours ! »

         « Arrête, il était trop mignon ! Ce gars me fait définitivement craquer ! Dommage qu'il soit plus jeune que moi… »

         « Oh, arrête, toi au moins, t'as la chance d'être à Serpentard avec lui ! »

         C'était bien la première fois que Harry entendait quelqu'un se plaindre de ne pas avoir été envoyé à Serpentard. De plus, il venait à peine de prendre conscience du succès que pouvait avoir le Serpentard dont il était question… Ca faisait beaucoup en si peu de temps… Comme quoi, la vie était faite de surprises et qu'on pouvait en apprendre tous les jours !

         « En tout cas, on peut dire que Parkinson n'y a pas été de main  morte ! »

         « Tu veux dire de bouche morte… »

         « C'est qu'il est à croquer ! »

         Un éclat de rire.

         « C'est peut-être pas elle après tout… »

         « Quoiqu'il en soit, je ne dirai pas non s'il disait oui. »

         « Tu m'étonnes !! Et puis, il a une de ces chutes de reins ! »

 Harry tenta de continuer sa progression, comme si de rien n'était, évitant soigneusement de regarder trop longuement les demoiselles qui se pâmaient quelques secondes plus tôt à l'évocation de « Drago » et de certaines parties de son anatomie. Il entendit des rires étouffés à son passage.

         « Potter n'est pas mal non plus, mais il fait vraiment trop gamin à côté de Malefoy… », murmura l'une des Serdaigle.

         « Laisse donc le fantasme des premières années aller tranquillement en cours », répondit la préfète des Serpentard.

         Harry se tourna à l'angle du couloir pour leur tirer la langue de façon très mature, tout en continuant à marcher, sans regarder devant lui. Alors qu'il allait se retourner, il percuta violemment quelque chose et se prit les pieds dans un tapis qu'il n'avait jamais remarqué jusqu'alors. Il s'étala de tout son long sur le sol et constata que quelque chose, ou plutôt quelqu'un, avait amorti sa chute.

Il n'eut pas besoin d'ouvrir les yeux pour savoir qui était allongé sous son corps. Il avait tout de suite reconnu le parfum sucré qui l'avait enivré la veille. Quand il ouvrit les yeux, il découvrit un Drago Malefoy surpris. Il n'avait pas dû le voir surgir et n'avait pas pu éviter la collision. Il resta quelques secondes à fixer ces yeux gris, ces yeux orageux…

En effet, les yeux de Malefoy avaient la couleur dont se teignait le ciel avant un terrible orage… Harry avait toujours aimé les ciels orageux, car alors, il savait qu'il n'était plus le seul à être enfermé, prisonnier, chez « lui ». Son regard glissa lentement vers le cou meurtri, vers ce cou sur lequel il s'était passionnément acharné… Il comprenait à présent que Malefoy ait souhaité le cacher… Avoir un suçon ne devait déjà pas être évident, mais avoir de telles arabesques incrustées dans la chair en devenait indécent…

         « Dégage de là, Potter ! », cracha Malefoy.

         Cette voix sifflante et menaçante fit revenir Harry à la réalité, et alors qu'il allait se relever, il entendit la voix de Rogue.

         « Que se passe-t-il ici ? », demanda ce dernier d'une voix particulièrement aigrie.

         Harry n'attendit pas que Rogue reformule sa question pour bondir sur ses jambes et pour aider Malefoy à se relever. Il prit conscience de son geste trop tard et rougit légèrement en se rendant compte qu'il tenait encore la main de Malefoy étroitement serrée dans la sienne.

Si Rogue n'avait pas encore été conscient que quelque chose d'anormal se tramait, maintenant il devait en être presque convaincu ! Harry Potter qui aide Drago Malefoy à se relever c'est l'annonce de la fin du monde, de l'Apocalypse pure et dure !

Malefoy retira promptement sa main sans même le remercier et s'affaira à dépoussiérer sa robe de sorcier, qui devait à elle seule coûter plus cher que tout le mobilier de la chambre de Harry ! Heureusement, car des remerciements de la part de Malefoy auraient définitivement mis la puce à l'oreille de Rogue ! S'il ne suspectait pas déjà sérieusement quelque chose… Harry ne souhaitait pas non plus que son cher professeur meurt d'une crise cardiaque en découvrant que son petit protégé avait des rapports « amicaux » avec Harry Potter !

Alors que Rogue allait ouvrir la bouche, Harry prit la parole.

         « Ce n'est rien monsieur, j'ai juste culbuté Malefoy…euh, je veux dire, bousculé ! Je l'ai bousculé, oui, c'est ça… bousculé… Désolé ! »

         Rogue le regardait l'air dubitatif. Avant qu'il ne puisse enlever le moindre point à Gryffondor pour agression physique (voire sexuelle), Harry se précipita vers la porte du cachot où se tenaient déjà quelques élèves intrigués et entra en trombe dans la salle. Il s'assit au deuxième rang à côté de Ron et ne put réprimer une grimace lorsqu'il sentit une nouvelle vague de douleur. J'aurais vraiment dû rester au lit ce matin moi ! Au moins, quand je suis allongé et que je ne bouge pas, j'ai pas mal ! Alors qu'il était en train de sortir ses affaires, Seamus qui était assis juste derrière lui, lui adressa d'un air railleur :

         « Alors, Harry, on fait du rentre dedans à Malefoy, maintenant ? »

         Harry sursauta et se retourna brusquement, il fixait Seamus sans pouvoir articuler le moindre mot.

         « Arrête Seamus ! Tu vois bien qu'il n'est pas très bien aujourd'hui… », répondit Ron pour lui sauver la mise.

         « Eh bien, je n'en sais rien… Il ne dément pas… Et puis, vu la façon dont il a accouru ce matin pour m'épier sous la douche… »

         « Beuh… J'me sens pas bien… », risqua Harry.

         « Allez, Harry, ne t'inquiète pas, tes préférences sexuelles ne changeront rien à l'amitié qu'on te porte ! On restera toujours tes amis », renchérit Dean d'une voix mélo-dramatique.

         Harry était sur le point de hurler et de se fracasser la tête contre son pupitre (alors qu'il aurait dû attraper Seamus et Dean et se servir de l'un pour taper sur l'autre), lorsque Ron fit quelque chose que Harry n'aurait jamais pu même imaginer. Il posa tendrement la main sur son épaule et se tourna vers leurs deux camarades l'air menaçant.

         « Laissez mon copain tranquille ! (Merci mon Dieu de m'avoir donné un ami tel que Ron…) Comment osez-vous dire qu'il me trompe avec ce laideron de Malefoy ! (Bah voyons, je retire ce que je viens de dire !) Prenez garde, filous, je suis prêt à défendre son honneur au péril de ma vie ! (Moi qui croyais avoir des amis…) »

         Le côté de la classe où étaient assis les Gryffondor éclata de rire. Harry était mortifié. Bien sûr, il savait que ses amis plaisantaient, mais il aurait certainement plus goûté à la plaisanterie si la veille il ne s'était pas retrouvé en « tête-à-tête » avec Malefoy.

Puisqu'il pensait au loup, ce dernier s'assit à sa place (et non il ne montra pas sa… Viles perverses !), au premier rang, en face de Rogue.        

         Rogue était particulièrement de mauvaise humeur, son cours particulièrement ennuyeux et la potion particulièrement difficile à réaliser. Harry avait vraiment du mal à garder son attention fixée sur la potion qu'il était en train de concocter avec Ron, et qui  prenait une coloration des plus douteuses. Son esprit, pour son plus grand déplaisir, était totalement monopolisé par le blondinet qui se trouvait devant lui, en biais, dans la rangée de gauche. Il avait l'impression de le regarder pour la première fois, de le voir avec des yeux nouveaux , de le redécouvrir. Alors qu'il avait les yeux posés sur la nuque du Serpentard, il ne put s'empêcher de jeter un œil aux marques qu'il lui avait faites. De nouveau, les souvenirs de cette nuit s'imposèrent à son esprit, plus clairs et plus précis que jamais.

         Bon Dieu ! J'arrive définitivement pas à croire que j'ai pu faire ça ! Et à Malefoy en plus ! OK, j'ai toujours voulu lui clouer le bec… Mais j'aurais jamais pensé à un truc pareil ! Fallait vraiment que je sois ivre mort pour me jeter sur lui, attends, attends, c'est même pas moi qui me suis jeté sur lui ! Mais quel enfoiré ce mec, il a profité du fait que j'ai bu comme un trou pour abuser de moi ! Bien fait ! Il n'a eu que ce qu'il méritait ! Ca lui apprendra ! Il n'avait qu'à pas me faire basculer sur ce putain de sofa ! Et me faire ces putains de trucs ! Ces putains de trucs qui m'ont fait perdre la tête ! Bah, bravo Harry, vas-y, te gêne pas ! Fais donc l'éloge de Malefoy et de ses talents cachés ! Ne te retiens pas, fais comme si j'étais pas là !

         Malefoy se passa la main dans les cheveux et laissa ses doigts vagabonder sur son cou et se massa vigoureusement la nuque. Vu que ça devait faire une bonne heure qu'il était penché sur sa potion, Harry ne fut pas surpris qu'il ait mal au cou. A la vue de ces doigts longs et fins, Harry ne put s'empêcher de se rappeler le contact de ses fameux doigts sur sa peau et les sensations procurées.

         Non mais mon pauvre Harry va falloir te calmer là ! Parce que ça commence à être grave ! J'en ai marre ! En plus, j'ai super mal à la tête ! V'la la gueule de bois ! Plus jamais ! Ouais, plus jamais je ne boirai autant…J'crois que la célèbre phrase « Tu t'es vu quand t'as bu » a été créée pour moi… Quand je pense que durant toute notre jeunesse on ne cesse de nous répéter que l'alcool est dangereux pour la santé… Ils auraient pu préciser pour la santé mentale ! On fait vraiment n'importe quoi quand on est bourré ! Putain, j'ai mordu Malefoy ! Dans un autre contexte ça aurait pu être très drôle ! Mais là, c'était…c'était…pas drôle ! Mais alors pas drôle du tout ! C'est sûr que le mot drôle n'est absolument pas approprié…C'était tellement…Et pourtant si…

Harry laissa échapper un soupir.

Bah mon pauvre Harry, ça se voit que t'as pas encore décuvé toi ! Voilà que tu soupires en pensant à Malefoy ! Faudrait peut-être arrêter les frais là et cesser de se remémorer cette « horrible » soirée… Et surtout tout oublier…

         Harry sursauta légèrement. Ron venait de lui donner un coup de coude ayant apparemment remarqué qu'il ne suivait plus du tout le cours, mais surtout, car il était en train de laisser brûler leur potion faute de la mélanger. Harry le regarda quelques instants le regard vide, comme s'il ne comprenait pas le geste de son ami, puis il lui fit un sourire et se mit à touiller leur potion qui commençait sérieusement à sentir mauvais. Son mal de crâne empirait et Harry ne savait pas s'il devait conspuer Rogue pour avoir eu l'idée de leur faire faire un truc qui sentait aussi mauvais de si bon matin, ou alors se maudire lui-même pour avoir autant bu.

Charlie, l'un des nombreux frères aînés de Ron, lui avait raconté une fois les nombreuses cuites qu'il avait eues durant ses premiers mois en Roumanie. Le pauvre avait malheureusement dû goûter à tous les alcools que lui proposaient gentiment tous ses nouveaux collègues et amis. Venant tous de contrées bien différentes et ayant tous clairement un goût prononcé pour la boisson, chacun d'entre eux avait l'air ravi de pouvoir faire goûter les « spécialités » de sa région ou de son pays aux autres, ainsi que de découvrir de nouvelles « saveurs ». Charlie avait sûrement goûté une bonne cinquantaine d'alcools différents à ce jour et seulement deux ou trois spécialités culinaires !

Aujourd'hui il en riait, mais les premiers temps avaient été moins roses. Le plus dur à surmonter avait sûrement été la bouteille de pastis qu'il avait vidée sans avoir compris qu'il fallait le diluer dans de l'eau, mais aussi les diverses rakijas (aux prunes, aux cerises, à la poire…) que ses amis Slaves l'avaient poussé à ingurgiter lors d'un concours… Il avait bien entendu perdu haut la main, mais le plus étonnant, c'est que c'était une grande brune qui avait gagné. (D'après les dires de ses amis, car lui avait depuis bien longtemps roulé sous la table lorsque le concours s'était terminé !) Par la suite, il avait pu se rendre compte par lui-même que c'était toujours elle qui gagnait (au grand dam de ces messieurs), mais le pire de tout, c'est que c'était toujours l'une des seules à rejoindre sa couche en marchant droit, et qui plus est, d'une démarche assurée ! Il avait eu du mal à retenir son prénom car il était d'origine slave, mais surtout, car il était souvent ivre quand il l'entendait. Elle s'appelait Snežana. Charlie avait beaucoup ri en expliquant à Harry que le nom de la jeune fille était l'équivalent de Blanche-Neige dans certains pays slaves. Il ne pouvait s'empêcher de pleurer de rire en imaginant la jolie princesse en train de faire des concours de boissons avec les sept nains !

Mais le pire qui soit arrivé était sûrement cette fameuse soirée où Garganov… Gargouillonov… Gardanov… enfin bref, était venu au campement pour soigner un Norvégien à crête qui souffrait d'une pneumonie aiguë et auquel il avait administré par « erreur » une bonne dose de vodka. Le pauvre animal avait passé le lendemain et le surlendemain à cracher des flammes plus grosses que lui ! Certes, il était guéri, mais ils avaient tous failli y passer, et y avaient, en tout cas, tous laissé des plumes !

Charlie, grâce à ces expériences riches et variées, avait retenu trois leçons très importantes qu'il avait souhaité partager avec Harry : la première, est qu'il fallait boire avec modération (Harry avait alors sourit et il lui avait dit que ça, tout le monde le savait, et que pour les inconscients c'était même rappelé sur l'emballage de toutes les bouteilles) ; la deuxième, est qu'il ne fallait jamais, mais alors jamais, mélanger les alcools (chose que Harry savait également malgré son jeune âge) ; et la troisième, était que si tu avais tout de même décidé de te saouler, il ne fallait pas le faire devant des gens que tu ne connaissais pas ou à peine, car ça pourrait leur donner une mauvaise image de toi, mais surtout te mettre dans des situations au mieux embarrassantes.

Harry serait très heureux de pouvoir compléter cette liste d'avertissements en y ajoutant qu'il ne fallait pas non plus se saouler en compagnie de gens que l'on appréciait guère, voire pas du tout, car c'est d'eux que venait le plus grand danger ! C'est sûr qu'il se voyait mal aller siroter un verre de vin avec Voldemort…

         Harry reporta quelques instants les yeux sur la potion qui était en train de bouillir furieusement et qui venait de lui brûler le bout des doigts. Définitivement pas une bonne journée ! Il diminua la flamme qui chauffait le chaudron au moment où Ron y ajouta les racines de Mandragores (Dieu que ses plantes pouvaient être hideuses ! Utiles mais hideuses !).

Harry se replongea dans ses pensées, les histoires que lui avait racontées Charlie lui remontaient le moral (qui de toute façon n'aurait pas pu être plus bas) et diminuaient son mal de crâne. Charlie lui avait raconté en détails les conséquences d'une beuverie trop importante. Le mal de tête insupportable, le corps ankylosé, les vomissements à répétition, l'impression d'avoir un gruyère à la place du cerveau… Il lui avait raconté qu'une fois il s'était réveillé dans la couche d'une « charmante » demoiselle sans savoir comment il avait fait pour y atterrir… Et le plus drôle (façon de parler), c'est qu'il ne savait pas du tout qui elle était et qu'il ne l'avait jamais revue. (D'après les dires, il en avait conclu que c'était la cousine de la belle-sœur du mari de la femme de l'un de ses supérieurs…mais il n'était pas très sûr…)

Toutes ces mésaventures avaient beaucoup fait rire Harry, mais maintenant qu'il en subissait les conséquences, il ne riait plus trop. Le « mal de tête insupportable » était un doux euphémisme par rapport à son satané mal de crâne, (actuellement Harry avait l'impression d'avoir un marteau-piqueur dans la boite crânienne, là où aurait dû se trouver en toute logique son cerveau), le « corps ankylosé » était à des années lumières de ce que Harry ressentait tant le bas de son corps semblait avoir été piétiné par un troupeau d'Hippogriffes, les « vomissements à répétition » s'étaient fort heureusement calmés, (il avait assez donné ce matin !), quant au « gruyère à la place du cerveau »

         Harry médita longuement sur cette dernière idée pendant qu'il continuait à touiller sa potion, chose qui semblait grandement l'inspirer à présent. Charlie lui avait bien dit que généralement lorsque l'on était ivre mort (ce qui semblait avoir été le cas de Harry), on était capable de faire tout et n'importe quoi, de la chose la plus insignifiante à la plus extravagante, de la chose la plus ridicule à la plus humiliante, de la chose la plus stupide à la plus… stupide (ce qui semblait encore être le cas de Harry), et surtout que généralement on ne se souvenait pratiquement de rien ou uniquement de quelques bribes…

Alors pourquoi, lui, se rappelait-il de tout ? Et surtout aussi clairement… Il semblait ne pas avoir oublié le moindre détail de cette « mésaventure »… Comme d'habitude, il ne devait rien faire comme les autres… Super ! Il avait droit à tous les inconvénients qu'offrait l'ivresse, et ne pouvait même pas profiter de ses quelques avantages… Le trou noir, l'amnésie temporelle est une chose dont il aurait souhaité pouvoir bénéficier, ainsi il ne se rappellerait pas aussi bien de ce qu'il avait fait avec Malefoy, ou plutôt, de ce que Malefoy lui avait fait !

Pourquoi devait-il se rappeler de tout et surtout dans les moindres détails ?! Le couloir, le jet de lumière, les yeux brûlants de Malefoy, le sofa, les mains de Malefoy, la bouche de Malefoy, la peau de Malefoy, le cou de Malefoy, les paroles de Malefoy, et…et…

         Harry blêmit. Rien. Plus rien. Plus aucun flash-back. Le trou noir. Le néant.

         Bon Dieu ! Pourquoi faut-il que j'ai une mémoire aussi sélective ! Que s'est-il passé ensuite, après que Malefoy ait commencé à…à…à me chuchoter des choses à l'oreille (oui, on peut appeler cela chuchoter, se dit-il ironiquement à lui-même)… Pourquoi je ne me rappelle de rien après ça ??  

Harry commença sérieusement à paniquer en se demandant si son cerveau n'avait peut-être pas refusé d'enregistrer certaines choses trop abjectes pour être nommées. Les spasmes réapparurent d'un coup.

Non Harry, ressaisis-toi ! Concentre-toi. Donc Malefoy te lèche l'oreille (c'est moi qui vient de dire ça, je rectifie, de penser ça ? Manquerait plus que je le dise à voix haute… Après ça, je pourrais raisonnablement me plonger la tête dans cette superbe potion brûlante et puante !)… Donc, Malefoy s'occupe gentiment de mon oreille et…et…et toujours rien ! Je ne me rappelle plus de rien après ça… jusqu'à mon réveil ce matin… Bon, c'est déjà ça, je me suis réveillé dans mon lit et seul. Dieu merci ! Enfin une bonne nouvelle ! Attends, mais comment j'ai atterri dans mon lit… ? En fait, il y a des mystères que je ne souhaite même pas élucider. Oui, mais pourquoi je ne me rappelle pas la fin de cette soirée avec Malefoy… Qu'ai-je donc fait ? Ou plutôt, lui que m'a-t-il fait ??  

Harry se rappela, le cœur au bord des lèvres, que c'était Malefoy qui s'était montré le « mâle dominant » durant leurs « ébats » et surtout à partir du moment où il l'avait allongé sur le sofa…

Mon Dieu, j'ai été dominé par Drago Malefoy ! La situation ne peut pas être pire ! Oh si, elle peut l'être, lui murmura une petite voix qu'il tentait de tenir muselée depuis un certain temps. Non, tout, mais pas ça ! Je veux bien récurer tous les chaudrons de Rogue à la brosse à dents, cirer les pompes de Lucius Malefoy, ou même me livrer à Voldemort, mais dites-moi que ce n'est pas arrivé ! J'ai dû m'assoupir et puis c'est tout ! Oui c'est ça, j'ai dû m'endormir ! Et puis, Malefoy n'est quand même pas le genre de personnes à profiter honteusement de quelqu'un qui dort !

Le raisonnement de Harry s'arrêta brusquement lorsqu'un cri désespéré raisonna dans sa tête. Bien sûr que si !! Drago Malefoy est tout à fait le genre de personnes à abuser de quelqu'un de plus faible que lui et à profiter de toutes les opportunités qui pourraient se présenter à lui.  

Le visage de Harry se décomposait de plus en plus. Il essayait de réfléchir logiquement (aussi logiquement que son cerveau le lui permettait à cet instant), rien ne soutenait la thèse qu'il ait eu des rapports plus poussés avec Malefoy, enfin pour être plus correct, que Malefoy ait eu des rapports plus poussés avec lui. Quand il s'était réveillé, il avait vomi tout ce que son corps pouvait contenir et rien d'autre n'était arrivé, rien de spécial, à part qu'il avait mal partout et particulièrement aux jambes et…

         « Oh, mon Dieu ! » Harry ne prit même pas conscience qu'il s'était levé et qu'il avait parlé à voix haute. Il était là, debout, en plein milieu de la « salle » de cours, les yeux écarquillés (voire dilatés), la bouche entrouverte, la lèvre inférieure tremblante, les mains crispées sur le bord de la table à s'en faire blanchir les articulations. Lui et Malefoy avaient bel et bien… Plus aucun doute n'était possible… Ils avaient… Harry ne remarqua même pas que Rogue avait quitté son bureau (n'obtenant aucune réponse de son élève à la question qu'il venait de lui poser) et qu'il s'était placé devant lui.

         «Monsieur Potter, que vous arrive-t-il ? », réitéra le professeur de Potions d'une voix neutre mais difficilement posée. Le professeur avait en horreur les élèves qui perturbaient ses cours.

         Harry n'entendit même pas la voix de son professeur qui se tenait à présent à seulement quelques centimètres, il n'avait d'ailleurs absolument pas remarqué sa présence. Son cerveau avait buggé. Il ne voyait plus rien, il n'entendait plus rien. Seules ses dernières pensées raisonnaient encore dans son esprit.

         «MONSIEUR POTTER !! », hurla pratiquement Rogue cette fois-ci, ne supportant plus d'être ignoré par cette ignorant (qui ne semblait même pas savoir que les verbes culbuter et bousculer étaient de parfaits synonymes !).

         Les yeux de Harry reprirent légèrement vie et ses joues qui avaient jusqu'alors la couleur de la craie, tournèrent furieusement au rouge écrevisse. Tout le monde le regardait (même Malefoy). Il était fait comme un rat ! (C'est pas moi le rat, c'est cet imbécile de Malefoy !) Harry ne disait toujours rien, de toute façon il n'aurait pas su quoi dire et cela pour deux bonnes raisons ; la première, était qu'il ne savait absolument pas quelle était la question que venait de lui poser Rogue (bien qu'il se doutât qu'elle n'ait aucun rapport avec le cours) et la seconde, était qu'il ne pouvait plus articuler le moindre mot.

         Mon Dieu, mais qu'est-ce que je vais faire maintenant ? Pourquoi je ne m'évanouis pas ? Dans les films, les gens s'évanouissent toujours à l'annonce d'une mauvaise nouvelle, d'une catastrophe, d'une terrible révélation… Et je crois que j'ai légèrement dépassé le stade de la mauvaise nouvelle, de la catastrophe et de la terrible révélation !! On m'annoncerait qu'en fait c'est Rogue mon géniteur que ça ne me ferait ni chaud, ni froid. Putain ! Je veux m'évanouir ! Que quelqu'un m'assomme ! Je veux perdre conscience et tout oublier ! Quand je pense que je ne pourrai même pas noyer mon désespoir dans l'alcool… Pitié, que quelqu'un me vienne en aide !

         « On dirait que Potter a perdu sa langue », murmura l'un des Serpentard.

         « Ca tombe bien, j'ai toujours trouvé qu'il avait la langue bien trop pendue ! », répliqua Malefoy d'une voix acerbe.

         Ce fut le déclic que Harry attendait. Bien que cette phrase ne contienne aucun sous-entendu (quoique…), elle rappela à Harry la raison pour laquelle il s'était si brusquement levé. Il se plaqua alors la main sur la bouche, menaçant sérieusement de vomir sur la robe et les chaussures de Rogue qui était toujours devant lui, (se doutant qu'il perdrait plus de points qu'il n'en avait jamais perdu si cela venait à se concrétiser) et se précipita hors du cachot sans un mot. Ron, qui était à présent inquiet pour son ami, s'était levé pour aller le rejoindre. C'est le moment que choisit Rogue pour enlever des points à Gryffondor.

         « Gryffondors, cinq points en moins pour avoir interrompu mon cours, cinq points en moins pour ne pas avoir répondu à mes questions et dix points en moins pour avoir quitté mon cours sans mon autorisation. »

         Aucun Gryffondor ne critiqua la décision du professeur machiavélique, ils étaient en fait beaucoup trop inquiets pour leur ami. C'est alors que Rogue se tourna vers Ron.

         « Puisque vous êtes debout, monsieur Weasley, allez donc vérifier l'état de monsieur Potter et accompagnez-le à l'infirmerie si cela s'avère nécessaire. »

         Rogue n'était pas la personne la plus gentille que Ron ait rencontrée, cependant, ce n'était pas un monstre non plus.

         « Et, soyez de retour avant la fin du cours pour terminer votre potion, sinon j'enlèverai encore dix points à votre maison »,ajouta Rogue. Quoique… ajouta mentalement Ron, et il sortit pour aller retrouver Harry, qui s'était bien sûr précipité dans les toilettes les plus proches et de loin les plus sales de Poudlard. 

Chapitre II – Part IV – :

Pourquoi Drago Malefoy n'aime pas Noël !

                      

          Cela faisait longtemps déjà que le soleil s'en était allé, au loin à l'horizon. Drago était à présent seul dans la sombre Salle Commune des Serpentard. Il avait laissé le feu mourir dans l'âtre ne se rendant même pas compte que le froid avait envahi la salle. Le noir lui seyait tout particulièrement ce soir. Il avait dû supporter les sourires en coin et les rires peu discrets de ses « camarades » durant toute la soirée. Au début, il leur avait lancé les fameux regards noirs « à la Malefoy » dont il avait le secret, ce qui avait produit son effet comme toujours ; cependant, au bout d'un moment il avait tout simplement préféré les ignorer, n'en pouvant plus de lancer des regards de tous les côtés, et ayant trop peur de finir par se transformer en caméléon débile.

Seuls Crabbe et Goyle lui étaient restés fidèles, distribuant quelques « gifles » (quand on voyait la taille de leurs mains, on pouvait imaginer les dégâts) et écrasant quelques pieds (quand on voyait la taille de leurs péniches…) lorsque les remarques étaient assez grossières pour qu'ils puissent les comprendre et surtout comprendre que l'honneur des Malefoy était bafoué. Toutefois, ils ne comprenaient pas pourquoi Drago broyait du noir. Après tout, eux auraient vendu pères et mères sans hésiter pour pouvoir bénéficier du même traitement… Ils n'avaient cessé de le maltraiter, de lui poser toutes sortes de questions, voulant tout savoir dans les moindres détails, surtout les plus croustillants ! 

« Allez, Dragooo, dis-nous… C'est Pansy ou pas ? » demanda Goyle de sa voix débile.

         « … »

         « J'pense pas. », intervint Crabbe d'une voix pas plus intelligente.

Non, en effet, Crabbe, tu ne penses pas… Heureux de te l'entendre dire. Tu n'es peut-être pas un cas aussi désespéré que je le croyais !

         « Ce n'est pas le genre de Pansy. C'est une fille bien élevée… », ajouta-t-il alors qu'il rougissait jusqu'aux oreilles qu'il avait en forme de choux-fleur, avant de continuer, « Elle sait bien qu'il ne faut pas faire ce genre de choses avant le mariage ! »

         Drago ne savait pas s'il devait rire ou bien pleurer.

Bon dieu, qui est-ce qui m'a refourgué ces deux imbéciles ? Bon, OK, pour ce qui est de mettre des tartes, ils sont très doués ! Tout comme pour me rendre des petits services (m'obéir, quoi !)… Enfin, quand ils comprennent ce que je leur demande… Pas évident de faire rentrer la moindre chose dans leurs cervelles de moineaux (je n'ai jamais aimé les moineaux, mais je ne devrais pas être aussi dur avec eux…)… Il y a autant d'air dans leurs têtes que sur un terrain de Quidditch… En y regardant de plus près, ils ressemblent un peu à ces citrouilles que l'on vide pour Halloween et dans  lesquelles on creuse des visages hideux et grossiers… Malheureusement pour eux, ils ne sont pas le genre de citrouilles que l'on peut transformer en magnifiques carrosses d'un coup de baguette magique… Le fait que ma splendide personne soit à leur côté est la seule chose qui fasse d'eux des gens « fréquentables » et dignes d'un temps soit peu d' «intérêt »… Pourquoi me fixent-ils encore avec leurs yeux de Hareng (ronds, vides, inexpressifs)… Encore des questions, toujours des questions…

         « Allez, Dragooo, moi je suis sûr que Pansy n'est pas aussi sage que ça ! Et puis, on l'a trouvée plusieurs fois dans notre chambre seule avec toi… Elle aurait jamais accepté de t'accompagner si elle était aussi bien élevée que ça ! », reprit Goyle dans une remarque qu'il croyait pertinente.

         M'accompagner ?? Non mais tu plaisantes !! J'ai bien cru que j'allais me faire violer ouais ! Jamais, mais alors là jamais, je ne l'ai invitée dans ma chambre ! Mais elle trouve toujours un prétexte ou un autre pour venir m'y trouver quand je suis seul ! Un vrai pitbull cette fille ! Quand elle attrape sa proie, elle ne la lâche plus ! Rien qu'en repensant à Noël dernier, j'en ai la nausée…

A SUIVRE . . .

 



05/06/2008
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