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le 8 mai 1945

La Seconde Guerre mondiale se termine officiellement en Europe le 8 mai 1945, à 23h01, au lendemain de la capitulation sans condition de l'Allemagne nazie (celle-ci a été signée le 7 mai à Reims).

André Larané.
Défaite totale de l'Allemagne nazie

À partir de la bataille d' El-Alamein (23 octobre 1942), les armées allemandes ont subi défaite sur défaite et reculé sur tous les fronts. Le 25 avril 1945, les troupes soviétiques et anglo-américaines font leur jonction au milieu de l'Allemagne, sur l'Elbe, à Torgau.

Hitler, terré dans son bunker de Berlin, avec son dernier carré de fidèles, se suicide le 30 avril. Il revient à son successeur, l'amiral Dönitz (ou Doenitz), de demander la cessation des combats aux puissances alliées, les Anglo-Saxons et les Soviétiques.

Karl Dönitz envoie le général Alfred Jodl, chef d'état-major de la Wehrmacht, à Reims (France), au quartier général des forces alliées du général Dwight Eisenhower. Celui-ci est installé dans le grand bâtiment de briques rouges de l'École professionnelle de Reims (c'est aujourd'hui un collège qui porte le nom de lycée Roosevelt).

Signature de la capitulation à Reims (7 mai)

Le général Alfred Jodl (55 ans) signe dans la nuit du 7 au 8 mai, à 2h 41, la capitulation sans condition de l'Allemagne (*)... Quelques mois plus tard, il sera déféré au Tribunal de Nuremberg et condamné à mort pour avoir contresigné des ordres contraires au droit international (exécution d'otages ou de prisonniers). Il sera pendu le 16 octobre 1946.

Côté vainqueurs, l'acte de capitulation est signé par le général Walter Bedell-Smith, chef d'état-major du général Eisenhower, commandant suprême des Alliés, et le général soviétique Ivan Sousloparov. Le général français François Sevez, chef d'état-major du général de Gaulle, est invité à le contresigner à la fin de la cérémonie en qualité de simple témoin.

La cessation des combats est fixée au lendemain 8 mai, à 23h 01 (mais certaines troupes allemandes résisteront au-delà de cette date, notamment dans la place forte de Saint-Nazaire).

Ratification de la capitulation à Berlin (8 mai)

Pour Staline, l'allié soviétique, il ne suffit pas que la capitulation ait été signée à Reims, dans la zone occupée par les Anglo-Saxons. Il faut aussi qu'elle soit ratifiée à Berlin, au coeur du IIIe Reich, et accessoirement dans la zone d'occupation soviétique.

Cette formalité est accomplie le lendemain 8 mai 1945, à 15 heures, au quartier général des forces soviétiques du maréchal Joukov, dans le quartier de Karlshorst.

Après cela, les chefs d'État et de gouvernement alliés, dont le général de Gaulle, peuvent annoncer simultanément sur les radios la cessation officielle des hostilités en Europe. Aux États-Unis, l'annonce de la victoire revient au président Harry Truman, son prédécesseur Franklin Roosevelt étant mort d'épuisement et de maladie le mois précédent, le 14 avril 1945.

La capitulation n'est pas la paix

La guerre ne se termine cependant pas avec la capitulation de l'Allemagne nazie... Le Japon de l'empereur Showa, allié de Hitler, poursuit un combat désespéré contre les Américains dans l'océan Pacifique. Il faudra les deux explosions atomiques de Hiroshima et Nagasaki, les 6 et 9 août 1945, pour amener ce pays à résipiscence.

C'est seulement avec la capitulation du Japon le 2 septembre 1945, près de quatre mois après celle de l'Allemagne, que prend donc véritablement fin la Seconde Guerre mondiale.

Les Américains distinguent ainsi le V-E (Victory-Europe) Day, jour de la victoire en Europe et le V-J (Victory-Japan) Day, jour de la victoire sur le Japon.

La capitulation vue de Paris...

La France est, depuis 1981, le seul pays qui commémore par un jour férié et chômé le 8 mai 1945, fin de la guerre en Europe !

Charles de Gaulle avait convaincu Winston Churchill d'accorder une place à son gouvernement, lors de la signature de la capitulation allemande, aux côtés de l'Angleterre, des États-Unis et de l'URSS, bien que la France se fut officiellement retirée de la guerre avec l'armistice du 22 juin 1940. Pour le chef de la France libre, le conflit qui s'achevait avait commencé non pas en 1939 mais en 1914. Au terme de cette guerre de trente ans, il estimait que son pays avait bien mérité de la Victoire.

Le gouvernement de De Gaulle est donc représenté à Berlin par le chef de la 1ère armée française, le général Jean de Lattre de Tassigny. Lorsque celui-ci exige qu'un drapeau français soit joint aux drapeaux anglais, américain et soviétique dans la salle de capitulation, il s'attire cette réflexion d'un officier britannique : «Et pourquoi pas le drapeau chinois ?» Le maréchal Keitel, commandant en chef de l'armée allemande, s'exclame pour sa part en voyant le drapeau français : «Ah, il y a aussi des Français ! Il ne manquait plus que cela !»

Négligeant de commémorer la capitulation du 7 mai, à Reims, à laquelle ils n'ont eu aucune part, les Français ont choisi par la suite de commémorer exclusivement le 8 mai 1945. En 1975, le président Giscard d'Estaing a prétendu mettre un terme à cette commémoration par souci de réconciliation avec les Allemands... mais au grand scandale des associations d'anciens combattants.

En 1981, le 8 mai est redevenu férié... et chômé qui plus est. L'attention portée à cette célébration paraît d'autant plus incongrue que le 8 mai 1945 est aussi marqué par la répression sanglante de Sétif.

À noter que ni les Anglais, ni les Américains ne chôment le 8 mai bien qu'ils aient les meilleures raisons du monde de commémorer cet anniversaire. Quant aux Russes, c'est le 9 mai qu'ils célèbrent la capitulation de l'Allemagne nazie, la cessation des combats ayant été enregistrée ce jour-là à Moscou en raison du décalage horaire...

D AUTRES VERSIONS DISENT QU IL NE S EST RIEN PASSER:


Singulier paradoxe: il ne s'est rien passé le 8 mai 1945, date à laquelle est rituellement commémorée la capitulation allemande au terme de la Seconde Guerre mondiale. C'est en effet la veille, le 7 mai, à Reims, que fut signée la reddition inconditionnelle des armées allemandes. Et c'est à 0 h 43, le 9 mai, que cette reddition a été solennellement confirmée à Berlin. Simplement, les choses ont tramé un peu plus que prévu. Mais le général Eisenhower, commandant en chef des armées alliées occidentales, avait annoncé que la capitulation serait effectivement proclamée le 8 mai. Ce que révéla prématurément un journaliste, malgré les consignes de discrétion reçues, ainsi que la radio allemande. Et c'est donc cette date que, depuis plus d'un demi-siècle, l'Histoire a retenue. 

Ce n'est d'ailleurs pas la seule bizarrerie de cette période confuse. Ainsi oublie-t-on souvent qu'avant la capitulation générale était intervenue, le 29 avril, alors même que Hitler était encore vivant et contrairement aux ordres formels de celui-ci, celle des armées allemandes d'Italie - le cessez-le-feu devant entrer en vigueur le 2 mai. On oublie aussi que le III° Reich n'a pas cessé d'exister avec le suicide de son fondateur dans le bunker de la chancellerie, le 30 avril. Il perdura jusqu'au 23 mai sous la présidence du grand amiral Dönitz, que Hitler avait très officiellement désigné comme successeur. Et c'est ce gouvernement qui, en fait, fut chargé de négocier la reddition des forces armées allemandes, avant que les autorités alliées ne décident sa dissolution et l'arrestation de ses membres. 

Plusieurs des principaux acteurs de l'immense tragédie que fut la Seconde Guerre mondiale n'en verront pas le terme. Le 28 avril 1945, Benito Mussolini, qui n'est plus qu'un fugitif après avoir tenu l'Italie entre ses mains pendant plus de vingt ans, est assassiné par des partisans communistes en compagnie de sa maîtresse, Clara Petacci. 

Hitler, se suicide le 30 avril, ainsi que sa compagne, Eva Braun, devenue son épouse quelques heures plus tôt. Son ministre de la Propagande, Joseph Goebbels, et la femme de celui-ci le rejoignent le lendemain dans la mort après avoir empoisonné leurs cinq enfants. Le secrétaire particulier de Hitler, Martin Bormann, que le führer a promu ministre du Parti dans le gouvernement Dönitz, a disparu, probablement tué en voulant s'échapper du bunker de la chancellerie avant l'assaut final des troupes soviétiques. 
Le 2 mai, Dönitz, qui se trouvait à Plön, non loin de Lübeck, a transféré son gouvernement à Flensburg, près de la frontière danoise. Son objectif, puisque la guerre est irrémédiablement perdue, est de traiter au plus vite avec les Occidentaux tout en contenant la poussée de l'armée Rouge afin de permettre aux populations allemandes de l'Est de se réfugier à l'Ouest. De fait, il obtient, le 4 mai, une reddition des forces allemandes sur le seul front nord-ouest, face à Montgomery.

Mais Eisenhower, qui s'est résigné à cette concession pour ménager la susceptibilité légendaire du maréchal britannique, exige dans la foulée la capitulation sans conditions de toutes les armées allemandes. Dönitz donne l'ordre à Jodl, chef de l'état-major général (et futur pendu de Nüremberg), d'accepter les termes de l'ultimatum.

La signature intervient dans une école de Reims, où Eisenhower a installé son PC, le 7 mai à 2 h 41. Le général Bedell-Smith signe pour Eisenhower, Jodl pour Dönitz. Sont également présents, en qualité de témoins, le général soviétique Sousloparov et le général français Sevez. Le dernier acte se joue dans la nuit du 8 au 9 mai. Là encore dans le cadre d'une ancienne école, à Karlshorst, dans la banlieue orientale de Berlin. Trois maréchaux vont se retrouver face à face : le Soviétique Joukov, le Britannique Tedder, mandaté par le général Eisenhower, et l'Allemand Keitel, chef du haut commandement des armées vaincues. Introduit peu après minuit, celui-ci sursaute : « Il y a même les Français ! C'est un comble ! » 
Les Français sont là, en effet, en la personne du général Jean de Lattre de Tassigny, que le généraI de Gaulle a désigné pour représenter la France en ce moment historique. Ce n'est pas sans mal que de Lattre s'est fait admettre. Effectuant des repérages dans la salle de conférences préparée pour la séance de signatures, de Lattre découvre, blême de fureur, qu 'il n'y a pas de drapeau français accroché au mur, à côté des drapeaux américain, soviétique et britannique. Il fait un scandale, finit par obtenir que l'on réquisitionne deux femmes soldats de l'armée Rouge pour en confectionner un, avec un morceau de « bleu » de mécanicien. un bout de drap et un fragment d'emblème nazi.

Tout n'est pas réglé pour autant. Seuls doivent figurer sur l'acte de capitulation les signatures du maréchal Joukov pour le front est, du maréchal Tedder pour le front ouest. Une nouvelle fois, de Lattre explose: « Le général de Gaulle m'a donné mission de signer pour la France. Je suis venu pour cela au nom de mon pays qui a suffisamment donné de souffrances à la cause commune, au nom de mon armée qui a donné son sang pour la victoire. » On aboutit finalement à un compromis : le général de Lattre et le général américain Spaatz signeront également l'acte de capitulation. Comme « témoins ». 
Sur l'une des photos prises lors de la cérémonie de capitulation, le maréchal Keitel se tient assis, très raide, flanqué de l'amiral von Friedeburg, successeur de Dönitz au commandement de la marine allemande, et du général d'aviation Stumpf. Arrêté quelques jours plus tard, Keitel finira au bout d'une corde à Nüremberg. Friedeburg se suicidera.

Quant aux membres du gouvernement Dönitz, ils seront arrêtés sans ménagement par les Britanniques le 23 mai ( les hommes devront même subir une humiliante fouille au corps, après avoir baissé leur pantalon ). Le jour même, Heinrich Himmler, chef des SS et de la Gestapo - dont Dönitz n'avait pas voulu dans son gouvernement -, se donnait la mort en croquant une ampoule de cyanure, après avoir été arrêté en tentant de disparaître sous une fausse identité. 

Naufrage du paquebot « Wilhelm-Gustloff »

Il a sombré le 30 janvier 1945 dans les eaux froides de la Baltique avec à son bord plus de 9 000 personnes, dont au moins 4 000 femmes et enfants. La plupart sont des civils allemands essayant d'échapper à l'avance de l'Armée rouge dans la Prusse-Orientale. La plus grande catastrophe maritime de tous les temps, qui, par le nombre de morts et l'horreur d'un torpillage exécuté de sang-froid par un sous-marin soviétique, laisse loin derrière le naufrage du « Titanic ».
Le « Gustloff », avec ses huit ponts superposés, ses salles de jeux, ses salons, sa piscine, ses équipements hyperluxueux, ses tavernes, fut le palace flottant du national-socialisme triomphant. Avec ses quarante-quatre croisières pour la Norvège entre 1937, date de son lancement, et sa transformation en navire-hôpital pendant la guerre, il est une allégorie et un résumé des douze triomphantes années du IIIe Reich. 



08/05/2008
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