XLOVE59-BOY

harry potter:Une petite Bière-au-beurre?(7)

Chapitre III – Part III – :

Une question qui démange…

 

Il était à présent exactement 23h23, ce qui signifiait que Potter avait très précisément vingt-trois minutes de retard ! Comme d’habitude, Drago était en train de rouspéter qu’il détestait avoir à attendre, surtout que Potter semblait être définitivement un retardataire chronique ! Certes, cette fois-ci, Drago lui-même était arrivé avec cinq bonnes minutes de retard, ayant eu du mal à se dépêtrer de Pansy.

Je savais bien que c’était une mauvaise idée de lui faire tous ces « compliments » et d’être aussi gentil avec elle ! Elle ne m’a plus lâché de toute la soirée ! J’ai bien cru qu’elle allait me démonter la mâchoire quand elle m’a « tendrement » embrassé avant d’aller se coucher ! C’était vraiment répugnant ! Heureusement qu’en général elle accepte mes excuses foireuses quant au fait que je sois quelqu’un de pudique et que je n’aime pas être « expressif » en public ! Mais le problème reste entier, car il y a bien des moments, horribles moments, où nous nous retrouvons « enfin » seuls (comme elle le dit si bien !), moments que je cherche à éviter à tout prix, et moments qu’elle cherche à provoquer le plus souvent possible ! Autrefois, quand nous étions plus jeunes, c’était plus simple, car nous n’étions que des amis d’enfance, puis il a fallu qu’elle tombe amoureuse de moi (bon, c’est sûr que je ne peux pas la blâmer pour cela, c’est tout à fait compréhensible, qui pourrait résister à mon charme fou ?), puis que petit à petit elle se rende compte que je ne ferais jamais le premier pas (parce que je la respecte trop, n’est-ce pas ?), puis enfin qu’elle se décide à prendre les choses en main et à transformer ma vie en véritable cauchemar !

Alors que Drago se lamentait sur son triste sort, la porte de la petite pièce s’entrouvrit, laissant apparaître la personne avec laquelle il avait rendez-vous, et qui à présent avait tout juste vingt-sept minutes de retard !

Harry avait vraiment beaucoup hésité à se rendre au rendez-vous que lui avait « imposé » Malefoy. Il n’avait pas très envie de se retrouver en sa présence, surtout en sachant qu’ils seraient indubitablement seuls ! De quoi pourraient-ils bien parler ? Malefoy et lui n’avaient jamais eu de grandes conversations, et Harry n’était pas sûr de pouvoir trouver un seul sujet qui ne les mènerait pas inévitablement à une dispute.

Je suis sûr que même si on parlait Quidditch on ne serait pas d’accord ! Malefoy est du genre à préférer l’équipe des Loups Hurlants (très bien classés, certes, mais le fair-play, ils connaissent pas !) alors que moi, j’ai une nette préférence pour les Faucons Noirs (beaucoup plus classes et bien plus honnêtes !)… Bref, c’est pas le Quidditch qui va me sortir de cette impasse ! Bon, de toute façon comme on aura rien à se dire je pourrai me sauver vite fait, bien fait !

Harry était enfin (déjà) devant la petite porte en bois, de la pas moins petite pièce, dont il aurait voulu oublier l’existence pour toujours.

Pourquoi faut-il toujours qu’on se donne rendez-vous dans cette pièce ?! Il ne pouvait pas en choisir une autre ? Il doit bien y avoir tout plein d’autres salles inutilisées à Poudlard ! Pourquoi pas la salle des trophées ? On n’y voit jamais personne que ce soit de jour comme de nuit ! Pourquoi pas la tour d’Astronomie ? Elle est vaste, tranquille…Non, pas la tour d’Astronomie ! Elle est réputée pour être le lieu des rendez-vous amou…et puis pour…enfin, bref, pas la tour d’Astronomie ! Pourquoi pas les toilettes des filles du deuxième étage ? Elles sont désertes vingt-quatre heures sur vingt-quatre, trois cents soixante cinq jours dans l’année ! Tranquillité assurée ! Cadre absolument pas romantique, pas de sofa, pas de coussin ! Rien, ni personne… Mais qu’est-ce que tu racontes Harry ? Bien sûr qu’il y a quelqu’un ! C’est le seul endroit à Poudlard où je ne pourrais pas avoir la paix moins de dix secondes ! Mimi Geignarde ne me lâcherait pas, et ne cesserait de me répéter qu’elle attend mon trépas avec impatience pour que je puisse aller partager ses toilettes avec elle ! Manquerait plus qu’elle me voit avec Malefoy et ce serait la fin du monde ! Elle risquerait d’inonder les toilettes en moins de deux et d’alerter tout Poudlard en criant à mort ! (Louche pour un fantôme…) Et puis, je ne suis pas certain qu’elle apprécie Malefoy, de toute façon, elle n’apprécie personne, sauf peut-être moi… Toujours ce fameux privilège d’être Harry Potter, de ne pas être comme les autres, de ne pas faire les mêmes choses que les autres, de ne pas vivre les mêmes choses que les autres… Bon, Harry, arrête de broyer du noir et entre dans cette foutue pièce, vu que c’est dans celle-ci que tu as rendez-vous et pas dans une autre !

En pénétrant dans la pièce, Harry fut surpris de n’y découvrir personne. Le sofa était vide. Peut-être Malefoy en a-t-il eu marre de m’attendre… Il a dû repartir… Alors qu’il s’apprêtait à ressortir une voix traînante se fit entendre.

« Je suis là, Potter ! »

C’était la voix de Malefoy. Harry aurait pu la reconnaître entre mille, même sans le fameux Potter qui lui était propre. Malefoy n’était pas assis sur le sofa ce soir, peut-être en gardait-il lui aussi de « mauvais » souvenirs… Maintenant que Harry s’accoutumait au noir, il pouvait entrevoir la forme du corps de Malefoy qui se découpait dans l’embrasure de la fenêtre.

C’était une haute fenêtre de style gothique, elle ressemblait beaucoup à celles qui se trouvaient dans la bibliothèque, et Hermione lui avait dit que c’était une architecture propre à la période gothique et qu’elle trouvait cela étrange car Poudlard avait été fondée il y a plus de mille ans et que ce style n’était apparut en Angleterre qu’au douzième siècle, puis elle avait ajouté qu’ils avaient dû bâtir cette partie de l’école plus tard, ou alors qu’il avait fait des modifications dans l’architecture de l’école, ce qui était fort possible car l’école était une sorte de mélange harmonieux entre divers styles et courants artistiques, ou bien…(et là, Harry ne se souvenait plus du tout de la fin de cette conversation, qui était en fait un monologue, (genre dans lequel Hermione excellait !) et qu’il ne s’était pas donné la peine d’écouter…)

En tout cas, la seule fenêtre de cette pièce était beaucoup plus haute que celles de la bibliothèque et beaucoup plus étroite aussi. Alors que Harry s’approchait pour tenter de discerner les traits de Malefoy, ce serait toujours plus agréable s’il pouvait voir le visage de son interlocuteur, il s’aperçut que ce dernier était appuyé sur le rebord de la fenêtre.

Avant que Malefoy ne puisse ouvrir les hostilités, Harry prit la parole, plus mal à l’aise à cause du silence que parce qu’il voulait réellement parler.

« Excuse-moi pour le retard… » Ce ne fut qu’une fois prononcée que Harry se rendit compte du sens de sa phrase. Il venait de présenter des excuses à Malefoy !

Beurk !! Au moins, j’en suis pas mort ! On dit toujours que le ridicule ne tue pas, faut croire que l’humiliation non plus ! En tout cas ça commence mal, très mal !

« Je n’ai rien dit, Potter ! », lui répondit Drago dans un sourire, que Harry ne put discerner car il était encore trop loin de son interlocuteur, mais qu’il devina au ton de sa voix.

« Mais tu allais le faire ! Et j’ai préféré te faire économiser ta salive et épargner à mes pauvres oreilles ton couplet habituel ! » Puis en imitant la voix de Drago : « Tu es en retard, Potter ! Cela fait vingt-cinq minutes et trente-deux secondes très exactement que je t’attends ! Et je déteste attendre ! Compris le balafré ?! »

Drago ne put s’empêcher de pouffer de rire tant l’imitation de Harry était réussie. Harry surprit par sa hardiesse, finit par rire aussi en voyant que Malefoy avait très bien pris sa plaisanterie. Eh ben, il est vraiment de très bonne humeur aujourd’hui ! Maltraiter psychologiquement les gens, ça lui réussit !

« Potter, ce n’est pas vingt-cinq minutes et trente-deux secondes que tu as de retard, mais vingt-huit minutes cinquante sept secondes ! Disons, une demi-heure. Et, en effet, je déteste attendre, tout particulièrement t’attendre ! C’est pourquoi, je viens de nouveau de te faire bénéficier de mon « couplet habituel », comme tu le dis si bien, dans le but de tenter de te remettre les pendules à l’heure, ce qui semble malheureusement être peine perdue ! Sinon…je ne vois pas pourquoi tu cherches à me faire économiser ma salive… » Cette dernière phrase avait été prononcée avec beaucoup d’espièglerie et avait quelque chose de profondément sensuel.

Harry avait légèrement blêmi ou alors rougi, en tout cas, il était très heureux que la pièce ne soit éclairée que par un faible rayon qui perçait au travers des ornementures de la fenêtre, de façon à ce que Malefoy n’ait pas la chance de voir sur son visage le résultat satisfaisant de sa remarque. Puis, Harry se reprit. Cela faisait à peine quelques minutes qu’il était dans cette pièce avec Malefoy, alors il n’allait pas le laisser prendre le dessus aussi facilement ! Si c’était la guerre qu’il voulait, il l’aurait !

« Pourquoi ? Mais parce que tu as suffisamment parlé ce soir durant le dîner, et je ne voudrais pas qu’à cause de moi tu retournes à ton dortoir la bouche sèche et les lèvres rugueuses… Parkinson risquerait de m’en vouloir ! »

A l’évocation de ce nom qui lui soulevait les entrailles, Drago resta de marbre. Ce n’est pas au vieux singe que l’on apprend à faire la grimace ! Je viens de me comparer à un singe… Comme quoi, il est doué le Potter quand il veut ! Mais il a encore du travail sur la planche pour arriver à mon niveau !

« Je n’ai pas les lèvres rugueuses, Potter ! Tu devrais le savoir… », susurra Drago d’une voix sans équivoque.

« Je sais », répondit Harry d’une petite voix toute gênée. Mais qu’est-ce que je fais ? Pourquoi j’ai répondu ça, moi ? Harry, tu mériterais d’être pendu sur la place publique pour ça !

Le silence s’installa. Apparemment, Drago non plus ne s’était pas attendu à une réponse aussi sincère et ne savait pas trop quoi dire. Etonnement, cefut Harry qui reprit la parole en premier.

« Dis-moi, Malefoy, je peux te poser une question un peu indiscrète ? », alors qu’il posait cette question, il était venu s’asseoir à côté de Malefoy sur le rebord de la petite fenêtre, qui était beaucoup plus étroite qu’il ne lui avait semblé au premier abord, car une fois assis, il s’était retrouvé pratiquement collé à l’épaule de son voisin.

Drago ne répondit rien tout d’abord, se demandant sérieusement ce que Harry pourrait lui poser comme question indiscrète, et espérant quelque part au fond de lui que ça ne soit pas en rapport avec ce soir-là, ou pire encore, avec son père, les Mangemorts ou « leur » Lord…

« Je ne pensais pas t’intéresser et t’intriguer à ce point-là, Potter ! Cependant, si ça peut te faire plaisir et que cette question te brûle tant les lèvres, alors vas-y, pose-la. Mais…je veux que tu saches que je ne me sentirai nullement obligé d’y répondre… »

Ah, Malefoy, toujours égal à lui-même ! Harry était un peu tendu tout à coup, et il se demandait sérieusement pourquoi il avait fait cette requête, et surtout pourquoi la réponse à cette question l’intéressait tant. C’était humiliant. Cependant, il ne put s’empêcher de la poser, la curiosité étant la plus forte ! (Hagrid a raison ! La curiosité est vraiment un très vilain défaut !)

« Pourquoi tu sors avec Parkinson ? >>

Chapitre III – Part IV – :

Malefoy renvoie la balle !

 « Pourquoi tu sors avec Parkinson ? »

Ca y est, la question était posée. Harry avait enfin posé cette stupide question, et comme il s’y était attendu, Malefoy était en train de le fixer comme s’il venait de lui annoncer qu’il allait se joindre à Voldemort, c’est-à-dire les yeux grands ouverts et la bouche légèrement entrouverte, comme s’il s’apprêtait à dire quelque chose mais que les mots refusaient de sortir.

C’est sûr, Harry avait réussi à le surprendre, pourtant, cela n’avait absolument pas été son objectif cette fois-ci ! Harry s’en voulait à présent d’avoir posé cette question et cela pour deux raisons. La première, est que Malefoy n’arrêtait plus de le fixer maintenant et que leurs visages étaient beaucoup trop proches à son goût, et la deuxième, est qu’il voyait clairement qu’il n’obtiendrait pas de réponse à sa question, sauf bien sûr quelque chose du genre ; « Ca ne te regarde pas, Potter ! » (ce qui est absolument vrai !), ou alors ; « Pourquoi tu me poses cette question ?!" » (question à laquelle Harry ne souhaitait pas devoir répondre !)

« Quoi ?! », répondit enfin Drago un peu brutalement. « C’est ça, ta question un peu indiscrète ?! C’est ça, que tu meurs d’envie de savoir ?! »

« Je n’ai jamais dit que je mourrais d’envie de le savoir, je t’ai juste demandé si je pouvais te poser une question un peu indiscrète ! », répondit Harry sur la défensive.

« Si tu me poses cette question, c’est que ça t’intéresse ! », continua Malefoy toujours aussi cartésien.

« Ca ne m’intéresse pas, ça m’intrigue ! C’est pas pareil ! Et je n’en mourrai pas si tu ne me réponds pas ! », se renfrogna Harry, plus par gêne que par colère.                   

Drago le regardait de nouveau. Quelques secondes s’écoulèrent avant qu’il ne reprenne la parole.

« Tu es réellement quelqu’un d’étrange, Potter… Je te permets de me poser une question sur ma vie privée, et toi, tout ce que tu trouves à faire, c’est de me demander… ça ?! »

« Tu t’attendais à quoi ? », lui demanda Harry réellement intéressé et ne comprenant pas trop où il voulait en venir.

« Eh bien, tu aurais pu me poser des questions sur mon père, par exemple… »

« Sur ton père ?! Ton père ne m’intéresse pas, Malefoy ! Je n’ai d’ailleurs aucun doute le concernant… De plus (il interrompit Drago qui allait répliquer quelque chose), si je t’avais posé une question en rapport avec ton père ou ses « amis » au sang si pur, tu ne m’aurais pas répondu, n’est-ce pas ? »

« En effet », répondit Drago dans un grand sourire. « Cependant, je m’attendais à une autre question, en réalité… »

« Et laquelle, s’il te plaît ? », demanda Harry qui commençait à s’impatienter et qui aurait bien voulu avoir une réponse à sa première question.

« Eh bien, j’aurais cru que tu aurais souhaité savoir comment tu avais rejoint le dortoir des Gryffondor le week-end dernier… » Drago prononça cette phrase comme s’il avait parlé de la pluie et du beau temps, c’est-à-dire de manière complètement détachée.

Harry se sentit rougir comme jamais jusqu’alors. Il aurait pu parier que ses joues étaient aussi rouges que les cheveux de Ron étaient roux ! Apparemment, son cas empirait et il se sentait quelque peu fiévreux.

« Alors, que préfères-tu savoir, Potter ? Pourquoi ma relation avec Pansy ? Ou comment tu as rejoint la tour des Gryffondor ? Quand j’y repense, c’était bien la première fois que je voyais quelqu’un s’endormir aussi vite après avoir… »

Drago laissa volontairement sa phrase en suspens afin de mettre Potter encore plus mal à l’aise. Vu qu’il s’était endormi, pensa Drago, il devait à l’heure actuelle se demander ce qu’il s’était passé… Puis, il regarda enfin son visage et fut satisfait du résultat. Potter était rouge de honte et semblait paniqué.

Quel pied ! C’est pas souvent qu’on peut voir ce genre d’expressions sur sa figure ! Je crois que la dernière fois que j’ai vu son visage se décomposer d’une telle manière, c’était lors de son match contre Poufsouffle en troisième année, quand les Détraqueurs sont entrés sur le terrain. Bon, bien sûr, durant le match, c’était une sorte de peur qui s’était emparée de lui, alors que là, c’est de la gêne, de la pudeur… C’est très mignon !

Drago ressentit de nouveau cette envie pressante de déposer de petits baisers partout sur ces joues en feu, comme il l’avait fait la dernière fois, mais il se retint en se disant qu’il risquait peut-être de tuer Harry sur le coup de l’émotion, mais surtout, de briser à tout jamais le peu de fierté et d’amour propre qui lui restait.

« De quoi tu parles, Malefoy …? », la voix de Harry s’était brisée.

« C’est donc à cette question que tu souhaites que je réponde, Potter ? », de nouveau ce petit ton espiègle. Drago aurait tout fait pour éviter de répondre à la première question de Potter. D’un côté, ça l’amusait de voir que Potter était intéressé par ce genre de choses, mais de l’autre, il n’avait pas trop envie de s’expliquer sur sa « relation » avec Pansy. Bien qu’il lui ait dit qu’il ne répondrait pas obligatoirement à sa question, il se promit de le faire, une fois celle-ci clairement formulée.

Harry réfléchit un certain temps, puis levant de nouveau les yeux vers Malefoy, ayant quelque peu retrouvé de sa contenance, il reposa sa question.

« Donc, de nouveau, Malefoy, pourquoi tu sors avec Parkinson ? »

Drago était surpris que Potter soit revenu à sa première question, mais comme il se l’était promis à lui-même, il entreprit de répondre, mais chaque chose en son temps !

« Pourquoi ça t’intéresse ? », demanda Malefoy, à présent curieux.

« Pourquoi tu réponds toujours à des questions par d’autres questions ? », se lamenta Harry.

« Et pourquoi pas ? », continua Malefoy, qui aimait à malmener psychologiquement Harry, sachant qu’il aurait très certainement l’avantage dans une joute verbale.

« … »

« Alors, pourquoi ça t’intéresse ? », insista-t-il.

« Je t’ai déjà dit que ça ne m’intéressait pas, c’est juste que je ne comprends pas… », finit par avouer Harry.

« Qu’est-ce que tu ne comprends pas, Potter ? », articula Malefoy, réellement intrigué cette fois-ci.

« Eh bien… Pourquoi tu sors avec elle. Je ne pense pas que ce soit à cause de son physique… Elle est pas laide (oh que si, elle l’est !) mais… Je veux dire, tu peux trouver plein de filles bien plus jolies rien qu’à Poudlard ! Et puis, avec ton physique d’Apollon et ta petite gueule d’ange tu pourrais avoir pratiquement n’importe quelle fille de Poudlard et…

(Mais qu’est-ce que je fais ? Je cherche à m’enterrer tout seul ou quoi ?! Comme s’il ne suffisait pas qu’il s’envoie sans cesse des fleurs lui-même…)

« En plus, elle fait deux têtes de plus que toi et c’est un peu (beaucoup) ridicule… Et puis, cette fille est loin d’être sociable et gentille et douce… Quoiqu’elle l’est peut-être avec toi ? Tu connais pas ta chance ! Je ne compte plus le nombre de bleus que j’ai eu à cause d’elle ! Franchement, elle a dû m’en faire plus que toi en quatre années de confrontations durant nos matchs de Quidditch ! Cette fille a plus à cœur de défendre ton nom et ton honneur que toi ! Donc, pour en revenir là où j’en étais, si tu ne sors pas avec elle à cause de son physique (option que Harryavait éliminéed’office !), ça veut dire que tu as des sentiments pour elle… Mais si tu as des sentiments pour elle, pourquoi tu sors avec d’autres personnes, pourquoi tu embrasses d’autres personnes, pourquoi tu… »

Drago l’avait laissé parler sans l’interrompre, puis il décida d’intervenir, se disant qu’il ne réussirait pas à mémoriser un mot de plus !

           « POTTER !STOP ! », le coupa Malefoy, ayant légèrement haussé la voix. Il ne pouvait raisonnablement pas se permettre de crier, une nouvelle rencontre avec Rusard ne le tentant guère… Cependant, il fallait bien faire taire Potter qui s’était lancé dans une dissertation orale qui ne semblait pas devoir se terminer un jour !

         Harry s’interrompit et le fixa quelque peu surpris et ayant complètement perdu le cours de son raisonnement.

         « Tu m’as demandé si tu pouvais me poser une question indiscrète ! Dans ta superbe tirade tu as dû m’en poser au moins une dizaine ! »

         Harry n’aurait pu contredire Malefoy, lui dire qu’il exagérait, car en fait, il ne se rappelait absolument pas les questions qu’il venait de lui poser. Drago, voyant que Harry s’était enfin tu, continua à parler.

         « Bon, laisse-moi remettre un peu d’ordre dans ton long baragouinage ! » Puis, fronçant les sourcils, il se concentra. Après quelques minutes, qui semblèrent durer une éternité pour Harry qui n’osait pas moufeter de peur d’interrompre la méditation dans laquelle s’était plongée Drago, ce dernier lui parla enfin.

         « Bien, commençons par le commencement ! »

         Harry attendait, anxieux, ayant enfin pris conscience que Drago allait lui répondre !

         « Merci beaucoup pour tes compliments. Bien sûr, tu ne m’as rien appris que je ne sache déjà, mais ça fait toujours plaisir de voir que mon charme ne passe pas inaperçu, et surtout, de savoir que même le grand Harry Potter le reconnaît ! », débuta Malefoy sur un ton des plus snobs.

 Pendant que Drago parlait, Harry était en train de se ratatiner, cherchant à s’éloigner le plus possible de l’arrogant blondinet qui était assis à côté de lui. Puis il décida de lui clouer le bec avant qu’il ne se lance dans le récit d’une pénible autobiographie. Il avait suffisamment donné en deuxième année avec Gilderoy Lockhart, leur merveilleux professeur de Défense contre les Forces du Mal.

« Malefoy, sans vouloir te paraître grossier…la ferme ! Si je dois supporter tes auto-congratulations pour obtenir une mascarade de réponse à ma question, alors j’y renonce ! », lâcha Harry.

« Quoi ?! Le grand Harry Potter renonce ?! Maintenant que j’ai entendu ça, je peux mourir en paix ! », dramatisa Malefoy.

« Très drôle, Malefoy ! », ironisa Harry.

« Bon, Potter, si tu veux une réponse à ta question, écoute-moi et ne m’interromps plus ! »

Drago jeta un rapide coup d’œil à Harry qui hocha la tête en signe d’accord.

« Bien ! Je continue alors ! Donc, encore une fois, merci pour ta sincérité et tes compliments qui me vont droit au cœur… »

« Malefoy ! », l’interrompit Harry.

« Potter, la différence entre toi et moi, c’est que je sais me montrer reconnaissant ! » Harry fit mine qu’il était en train de vomir en s’enfonçant l’index dans la bouche et en poussant un grognement, ce qui eut pour effet de faire taire Drago.

« Tu es répugnant, Potter ! Tu le sais ça ?! », lâcha Malefoy clairement outré.

« Oh, mais où est donc passé Monsieur je sais me montrer reconnaissant ? », le nargua Harry.

De façon inattendue, un sourire se dessina sur les lèvres de Malefoy, qui décida enfin de reprendre sérieusement son récit.   

           « Je ne dirais pas que Pansy n’est pas très jolie… Je la qualifierais plutôt de… repoussante ! Pour ce qui est de sa douceur innée, j’ai le malheur de pouvoir en bénéficier à chaque fois que l’idée saugrenue de venir faire des câlins lui passe par la tête. Je te rassure, Potter, avec moi aussi, elle aussi douce qu’un prédateur qui dépèce sa proie, aussi patiente qu’un vautour qui termine son déjeuner… assez imagé ? »

         Harry le regardait les yeux écarquillés. Drago Malefoy était-il en train de se plaindre de harcèlement sexuel ? Harry n’y comprenait plus rien !

         « Tu veux dire que c’est elle qui porte la culotte dans votre couple ?! », lâcha Harry interloqué.

         Drago le regarda l’air mauvais.

« Potter, il n’y a pas de couple ! Je ne sors pas avec Pansy ! », siffla-t-il entre ses dents.

         « Ne dis pas n’importe quoi ! Tout le monde est au courant pour toi et Parkinson ! Ce n’est un secret pour personne à Poudlard ! Ce n’est pas pour rien que la moitié des filles de l’école se lamente sur leur pauvre sort ! (C’est moi qui viens de dire ça ? C’est bizarre, cette impression d’avoir déjà un pied dans la tombe !) Mais tu me diras, ça ne te dérange pas d’en consoler certaines malgré le fait que tu aies déjà une charmante petite amie ! »

         « Potter, je ne vais pas pleurer parce que j’ai du succès auprès des femmes, que je n’ai que l’embarras du choix, et que je n’ai qu’à claquer des doigts pour avoir ce que je désire ! »

         « N’empêche que tu n’es pas obligé de t’afficher partout avec tes conquêtes ! Tu pourrais penser à ceux qui pourraient voir ce spectacle répugnant ! Et puis, pense un peu à ce que Parkinson pourrait ressentir si elle l’apprenait ! Elle a un cœur tout de même ! (Enfin, je crois…Maintenant que j’y pense, ce n’est pas si évident que cela d’en arriver à cette conclusion…) »

         « Je ne m’affiche jamais, Potter ! Je suis quelqu’un de très pudique ! », s’offusqua Malefoy.

         « Pudique ?! Pourtant ça ne te gênait pas d’avoir cette petite Serdaigle suspendue à ton cou dans la bibliothèque, ni cette Poufsouffle dans les vestiaires de Quidditch ! Mais heureusement pour nous, tu n’as pas fait de victimes dans notre maison ! Je n’aurais pas aimé avoir à consoler ces pauvres jeunes filles aux cœurs brisés ! »

         « Que de nobles attentions que voilà là, Potter ! Mais on peut savoir d’où tu sais tout ça ? Tu m’espionnes ou quoi ?! », le questionna suspicieusement Malefoy.

         « Compte là-dessus ! Je t’ai juste surpris par hasard dans la bibliothèque, pour ce qui est de la demoiselle de Poufsouffle, c’est Olivier qui m’en a parlé », se justifia Harry.

         « Qui ça ? », demanda Malefoy, les sourcils froncés.

         « Olivier Dubois ! Notre capitaine ! »

         « Ah ! Le grand ami de Marcus ! », conclut Malefoy.

         « Qui ça ? », demanda Harry, les sourcils froncés.

         « Marcus Flint ! Notre capitaine ! »

         « Ah… », conclut Harry.

         « … »

         « … »

         « Tu crois vraiment qu’il n’y a pas eu une seule Gryffondor parmi mes nombreuses conquêtes ? », l’interpella Malefoy, songeur.

         « Bien sûr ! », répondit de suite Harry, sûr de lui.

         Le sourire de Drago fit comprendre le contraire à Harry.

         « Qui ça ? », s’étouffa pratiquement Harry.

         « De laquelle tu parles, Potter ? », le nargua Malefoy, le sourire aux lèvres.

         « Tu te fous de moi ! C’est pas possible ! Arrête un peu de jouer les Dom Juan du Monde Magique ! », répondit Harry beaucoup moins sûr de lui.

         « Potter, ce n’est pas de ma faute si en plus de plaire aux femmes, je sais leur parler, je sais leur dire les mots qu’elles souhaitent entendre, je sais les séduire… »

         « Quel tombeur tu fais, Malefoy », lui répondit ironiquement Harry.

         « Potter, on ne t’a jamais dit que ce n’était pas beau d’être jaloux ? », le toisa Malefoy.

C’est le monde à l’envers, se dit Harry. Ca y est, c’est sûr, je suis entré dans la quatrième dimension ! Je suis en train de parler filles avec Drago Malefoy ! En plus, il essaie de me convaincre qu’il est sorti avec une…non, avec au moins deux Gryffondor ! C’est pas possible, aucune n’aurait…quoique… Non, non, non, je n’entrerai pas dans son jeu ! Mais n’y était-il pas déjà plongé jusqu’au cou ?

         « Jaloux de quoi, Malefoy ? De toi ? Arrête de dire n’importe quoi ! Que pourrais-je t’envier ?»

         Drago aurait pu citer une très longue liste de choses qui lui semblaient importantes et que Harry ne possédait pas, cependant, il se contenta de la chose qui était en rapport direct avec leur conversation, les filles.

         « Mes conquêtes, Potter ! »

         « Et pourquoi je t’envierais ? Tant mieux pour toi ! »

         « Pourquoi ? Mais parce que, toi, tu n’en as pas eu une seule ! »

         « Quoi ?! Et qu’est-ce que tu en sais, d’abord ?! »

         Le sourire de Malefoy s’était élargit. « Potter, tu étais complètement inexpérimenté ! »

         « Je… », Harry ne trouva pas la force d’aller plus loin. La conversation prenait une tournure qui ne lui plaisait guère, mais il ne pouvait raisonnablement pas partir en courant !

         « Oh, mais je te rassure, Potter, tu apprends très vite… Tu devrais mettre en pratique les leçons que je t’ai données… », ajouta Malefoy, son sempiternel sourire en coin de nouveau sur les lèvres.

         Harry avait dû passer par toutes les teintes de rouge existantes en à peine quelques secondes et cela à cause de ce petit furet qui se trouvait à peine à quelque centimètres de lui ! A présent, il détestait réellement Drago Malefoy de tout son cœur, de tout son être ! Sa mâchoire était si crispée qu’il ne répondit rien à la dernière provocation de son interlocuteur.

         « Je ne peux pas répondre à ta question, à savoir, pourquoi je sors avec Pansy, parce que je ne sors pas avec elle », articula lentement Drago se tournant de nouveau vers Harry. Ce dernier fut légèrement pris de court en se rendant compte que Malefoy venait enfin de répondre à sa question initiale, qu’il avait passablement oubliée. Il regarda à son tour Malefoy, intrigué.

         « Eh bien alors, pourquoi te comportes-tu ainsi avec elle ? », lui demanda Harry le plus sérieusement du monde, une incompréhension évidente se lisant dans ses yeux.

         « Que veux-tu dire par là ? », rétorqua Malefoy, une incompréhension plus grande encore dans la voix.

         « Pourquoi lui souris-tu tout le temps ? Pourquoi te préoccupes-tu autant d’elle ? Pourquoi joues-tu sans cesse les séducteurs avec elle aussi ? Tu la fais espérer en vain, ce n’est pas gentil ! »    

         Eh voilà, maintenant Saint-Potter s’inquiète pour le cœur meurtri d’une Serpentard qui passe son temps à le bousculer et à l’insulter ! Et non, je ne suis pas gentil ! Qu’est-ce qu’ils ont tous ce soir avec ces « T’es pas gentil » ?! Je croyais que mon absence de gentillesse était de notoriété publique ? Va-t-il donc falloir que je me montre encore plus explicite ?

         « Malefoy, il ne faut pas jouer avec le cœur des gens, c’est trop cruel ! »  Malheureusement pour lui, Harry se rendit compte, quelque part, qu’il faisait aussi allusion à son propre cœur.

         « Tu cherches à me faire la leçon, Potter ? Eh bien, je peux t’annoncer que tu perds ton temps ! Tu veux que je te dise ce qui est cruel ? Il est cruel de lier des individus dès leur plus jeune âge sans se soucier de leur avis, de leurs aspirations, de leurs espoirs, de leurs sentiments ! »

Drago avait parlé sans se rendre compte de ce qu’il disait, n’en pouvant plus, quelque part, d’écouter les reproches de Potter, alors qu’au fond, il aurait dû être ravi que Potter le considère comme un monstre. N’était-il pas déjà un monstre à ses yeux de toute façon ?

         « Tu parles de mariage arrangé ? Tes parents veulent te voir épouser Parkinson ? Mais pourquoi ? » Harry avait été tellement surpris par cette révélation qu’il ne s’aperçut pas à quel point sa question était stupide.

         « Pourquoi ? Le sang pur, ça te dit quelque chose, Potter ? Tu crois que le sang pur se conserve aussi facilement que cela au travers des siècles ? Il faut bien faire de petits sacrifices pour protéger et perpétuer notre race. Pour ne pas perdre la pureté de notre sang ! », cracha Drago.

         « On croirait entendre ton père ou Voldemort ! Tu étais ironique à l’instant, n’est-ce pas ? Et puis, quand bien même tu voudrais épouser une « sang pure » comme tu dis, tes parents ne pourraient pas te trouver quelqu’un d’autre que Parkinson ? Il y a bien d’autres « sangs pures » sur cette planète, non ? »

A chaque fois, Harry butait sur l’expression « sang pur » tant celle-ci lui était peu commune et grossière !

« Tu peux pas faire ta vie avec Parkinson quand même ! », renchérit-il, clairement dégoûté par la seule pensée de cette éventualité.

        

« Je te remercie de te soucier de mon avenir, Potter, mais tu ferais mieux de te préoccuper du tien ! », répondit Drago passablement énervé de la pitié qu’il pouvait lire dans les yeux de Potter.

         « Comment veux-tu que je prenne un temps soit peu tes menaces au sérieux, si tu laisses tes parents choisir la personne que tu épouseras ! Drago, tu ne dois pas te laisser faire ! C’est ta vie ! C’est à toi de choisir la personne que tu vas épouser, quels que soient tes critères de « sélection » ! C’est à toi de choisir comment tu vas vivre demain ! C’est à toi de choisir ton chemin ! C’est à toi de bâtir ton existence et ton avenir ! Personne n’a le droit de t’enlever cela ! Pas Voldemort, pas même tes parents ! Je ne te reconnais plus, Drago ! Tu n’es pas du genre à te laisser dominer et manipuler, n’est-ce pas ? Tu n’es pas qu’une vulgaire marionnette entre les mains de ton père… tu m’entends ?! C’est à toi de choisir, à toi seul ! », clama Harry, dont les propos n’avaient jamais été plus véhéments.

         Drago était abasourdi par ce qu’il venait d’entendre, par la tournure qu’avait prise cette conversation si futile jusqu’à peu, mais aussi par le fait que Potter lui parle sur ce ton, qu’il lui parle si sincèrement, qu’il se préoccupe de lui comme…comme s’ils étaient amis…

         « Tu te trompes, Potter… »

         « Absolument pas ! », le coupa Harry, « On a toujours le choix ! On peut opter pour la solution de simplicité, c’est vrai, et rester un lâche toute sa vie, vivre dans le mensonge et se persuader que l’on est heureux comme cela. Ou alors, on peut décider de saisir le taureau par les cornes et se battre pour ses convictions, pour défendre ce que l’on croit être juste et ce que l’on souhaite préserver, se battre pour ce que l’on veut voir changer ! Drago, tu ne dois pas te laisser abattre ! Il faut lutter ! Tu n’es pas un lâche, n’est-ce pas ? Tu n’es pas ce genre de personne, n’est-ce pas ? Tu ne serais quand même pas prêt à courber l’échine et à te prosterner devant ceux qui se disent plus puissants que toi et qui souhaitent t’anéantir… ? »

         « La ferme, Potter ! »

S’en était trop ! Drago ne pouvait plus supporter d’entendre ces vérités que Potter lui crachait au visage, sans pitié, sans répit. Il avait l’impression que Potter pouvait lire en lui comme dans un livre ouvert, ce qui lui était pour le moins inhabituel. Il aurait voulu le frapper tant il lui faisait mal en cet instant, tant il savait qu’il avait raison, tant il voulait y croire lui aussi…

C’est à cet instant qu’il sentit Potter poser sa main sur son épaule. Instinctivement, il se tourna vers lui et dégagea son épaule de cette douce prise, de ce contact bien trop familier, bien trop inhabituel, étranger et douloureux. Il se trouva de nouveau plongé dans ces émeraudes. Ne disait-on pas que le vert était la couleur de l’espérance ?

Il fallait qu’il songe à tout cela à tête reposée… Mais pour l’instant, il fallait surtout qu’il se venge de l’outrecuidance du petit sorcier qui venait de l’insulter en le regardant droit dans les yeux, qui venait de lire de façon indécente dans son cœur, qui venait de poser tendrement sa main sur son épaule…

         « Potter ? », sa voix était beaucoup plus calme et plus posée, comme une mer s’apaise après une puissante tempête.

         « Oui ? », la voix de Harry était particulièrement tendre et amicale.

         « Je veux bien daigner donner un intérêt à tes paroles saintes, me plonger dans une profonde réflexion et ne sortir de mon dortoir qu’une fois mes idées claires et nettes et ayant atteint la sagesse de Bouddha, mais cela à un seule condition… Que tu reconnaisses une fois pour toute que je t’ai fait l’amour comme un dieu ! »

        

Chapitre III – Part V – :

« Je peux lire en toi comme dans un livre ouvert… »

         « Potter ? », sa voix était beaucoup plus calme et plus posée, comme une mer s’apaise après une puissante tempête.

         « Oui ? », la voix de Harry était particulièrement tendre et amicale.

         « Je veux bien daigner donner un intérêt à tes paroles saintes, me plonger dans une profonde réflexion et ne sortir de mon dortoir qu’une fois mes idées claires et nettes et ayant atteint la sagesse de Bouddha, mais cela à un seule condition… Que tu reconnaisses une fois pour toute que je t’ai fait l’amour comme un dieu ! »

         Harry le regardait les yeux exorbités et la bouche grande ouverte. Les mots mirent un certain temps à atteindre son cerveau, qui de toute façon, refusait consciencieusement  d’enregistrer cette nouvelle donnée. Le souffle court, il réussit à pousser un petit gémissement étouffé. Bien sûr, il s’en doutait. Mais tant qu’il n’y avait pas eu confirmation, il pouvait espérer qu’il ne s’était rien passé, qu’ils n’avaient pas été plus loin que ce dont il se souvenait et qui était déjà suffisamment traumatisant pour lui ! Mais maintenant, il était devant le fait accompli ! Et en plus Malefoy qui ressentait le besoin de mettre en avant ses talents…

         « Quoi ? », s’étouffa pratiquement Harry en prononçant ce simple mot d’une voix particulièrement aiguë et fort peu masculine.

         « Tu m’as très bien entendu, Potter ! C’est si dur que ça de le reconnaître ? »

         « De reconnaître quoi ? »

         « Que tu as énormément apprécié nos ébats. Que tu as apprécié que je te fasse bénéficier aussi savoureusement de ma grande expérience. Que tu as aimé chaque instant. Que tu as follement aimé tout ce que je t’ai fait. »

         Harry qui avait passé une bonne partie de la soirée à rougir comme un jeune premier qu’il était, était à présent aussi blanc que les robes de Rogue étaient noires ! Il ne semblait plus rester la moindre goutte de sang dans son visage, il était blanc comme un cachet d’aspirine, tellement blanc qu’un mort aurait eu bonne mine à côté de lui ! Puis il s’emporta.

         « Ne dis pas n’importe quoi ! Il ne s’est absolument rien passé ! Enfin, je veux dire…rien de…sexuel ! Enfin…on a pas été jusque là ! Tu mens ! Je me rappelle très bien m’être endormi après… »

         « Après quoi, Potter ? »

         « Tu le sais très bien ! »

         « En effet, tu t’es endormi après m’avoir supplié de ne surtout pas arrêter ce que j’étais en train de faire… Tu étais, il est vrai, complètement épuisé…bien que ce soit moi qui aie fait en grande partie tout le travail… Tu as dû dormir comme un bébé cette nuit-là… »

         « Tu mens ! Rien de tout cela n’est arrivé ! Je ne m’en souviens absolument pas ! »

         « Potter, c’est moi ou tu étais un peu éméché ce soir-là… ? N’empêche que c’est réellement vexant que tu ne te souviennes de rien ! Moi qui me croyais inoubliable… Tu ne te souviens vraiment pas ? Ou tu refuses de voir la vérité en face et de reconnaître que je t’ai fait l’amour comme un dieu vivant ? »

         Harry était plongé dans la contemplation de ses mains qu’il avait croisées sur ses cuisses, ne supportant plus de les voir et de les sentir trembler. Drago le fixait, attendant la réponse à sa question, puis comme celle-ci se faisait de plus en plus attendre, il s’adressa de nouveau à Harry.

         « Potter… », tenta-t-il avant de s’apercevoir que les lèvres de Harry tremblaient frénétiquement, tentant de contenir de trop fortes émotions. Puis il vit une grosse larme couler sur la joue cireuse du jeune homme. Sans se rendre compte de ce qu’il faisait, il attrapa Harry par le menton et le força à lui faire face. Ce dernier se débattit à peine, mais bien que son visage soit face au sien, ses yeux, vides, eux, le fuyaient.

         « Que se passe-t-il ? », lui demanda-t-il d’une voix particulièrement tendre qui le surprit lui-même.

         « … »

         N’obtenant aucune réponse, outre un petit reniflement désespéré, Drago entreprit de sécher ces jolies petites larmes, qui coulaient à présent abondamment sur les joues du petit brun, qui tremblait comme une feuille. Il pouvait sentir la chaleur de ces larmes sous ses doigts alors qu’il les essuyait, tout en caressant tendrement ces joues à présent rouges, et où les sillons des larmes étaient encore tracés.

         « Ne pleure pas… Ne pleure plus… », lui murmura tendrement Drago.

Il aurait dû être heureux d’avoir fait pleurer le grand Harry Potter, mais ça n’était pas le cas. Il sentait un pincement dans sa poitrine, il se sentait coupable, responsable. Puis, suivant ses impulsions, il attira Harry à lui. Ce dernier ne se débattit pas, et se laissa tomber contre l’épaule du blond, son visage encore humide au creux de son épaule, respirant son parfum, sentant sa chaleur et la douce pulsation sous sa peau.

Il s’installa confortablement dans les bras du Serpentard, qui était pourtant le seul responsable pour les larmes qu’il venait de verser, pour l’humiliation et la douleur qu’il ressentait. Mais à présent, en laissant ses bras se perdre autour de sa taille, ses mains s’agripper à son dos, il se sentait mieux, bien mieux. Il soupira d’aise alors que les battements de son cœur s’atténuaient.

         « Excuse-moi », lui souffla Drago alors qu’il caressait ses cheveux toujours aussi désordonnés.

« Je ne voulais pas te mettre dans cet état… Je suis désolé… Tu as raison, je t’ai menti, il ne s’est rien passé. J’ai juste dit ça pour te taquiner, pour t’embêter un peu… Je voulais mettre un terme à notre précédente conversation, qui ne me plaisait pas trop, je dois bien l’avouer, enfin, qui ne flattait pas trop mon ego… Mais je ne voulais pas te blesser, je ne voulais pas te faire pleurer… »

Mais qu’est-ce que je raconte ? De toute façon je n’ai jamais su consoler les gens, en fait, je n’ai même jamais essayé, et je déteste ça ! Je devrais me réjouir de le voir brisé et si vulnérable entre mes mains… Pourtant, ça n’est pas le cas… Drago, tu es fichu ! Ta vie s’achève ici ! J’avais bien raison, il ne me reste plus qu’à aller me pendre dignement !

         Harry venait de lever les yeux vers lui, l’étonnement se lisait sur son visage. La révélation qui venait de le marquer n’était plus tant que Malefoy venait de reconnaître qu’il avait menti, mais qu’il venait de lui faire des excuses. Lui, Drago Malefoy, venait de présenter des excuses ! Et cela à personne d’autre qu’à lui, Harry Potter ! Il était quelque peu sous le choc, et comme si cela n’était pas suffisant il avait répété ses excuses ! Mais, plus surprenant encore, il l’avait attiré à lui et avait tenté de le consoler, il lui avait murmuré des mots, qu’il n’avait pas clairement entendus, mais qui lui avaient mis du baume au cœur, et puis, dans cette étreinte il s’était senti soulagé, en sécurité… Il se sentait en sécurité dans les bras d’un Malefoy, pouvait-il exister plus grande ironie ?

         « Drago… C’est vrai, ce que tu viens de me dire, n’est-ce pas ? Tu ne m’as pas dit ça pour me faire plaisir ? »

         « C’est vrai. »

         « Tu me le promets ? », demanda Harry comme un petit enfant, le petit enfant qu’il n’avait jamais eu la chance d’être pleinement.

         « Ma promesse vaudrait-elle quelque chose à tes yeux ? », demanda Drago, s’attendant déjà à obtenir la réponse négative qu’il méritait d’entendre.

         « Oui… », répondit Harry dans un souffle.

         Drago était surpris mais surtout très touché par cette marque de « confiance » si soudaine et si inattendue, que bien sûr, il ne méritait pas. Mais pour rien au monde il ne l’aurait avoué ou explicité.

         « Eh bien, tu as tort, Potter ! », lâcha-t-il sans réelle méchanceté.

         Harry le regarda de nouveau, puis fit une petite moue qui aurait pu faire craquer n’importe quel Gobelin, alors ne parlons même pas du pauvre cœur de Drago.

         « Alors, j’attends ta réponse… C’est promis ? »

         « Promis, Potter ! On n’a pas copulé ! Je fais pas dans la nécrophilie ! », répondit Drago qui se sentait mal à l’aise de devoir promettre quoi que ce soit vu qu’il ne l’avait jamais fait !

         « Ne sois pas dégoûtant ! », répondit Harry d’une voix faussement outrée.

         Drago lui répondit par un bref sourire, puis tendit la main vers son visage afin de lui retirer ses lunettes. Il essuya brièvement les quelques larmes qui perlaient encore au coin des yeux de Harry, et il se mit à l’observer, à le contempler. Il n’avait jamais vu Potter sans ses lunettes.

Les joues de Harry étaient en feu, et sa température devait avoir atteint des sommets, mais il ne réussissait pas à détacher son regard de cette étendue d’argent qui le fixait sans ciller. Puis, il fut sorti de son état de rêverie par la voix de Drago qui était à peine audible.

         « Potter, il est si facile de lire en toi… Ton visage exprime à la perfection tes moindres pensées. Comme le disait votre célèbre Moldu, « Les yeux sont la fenêtre du cœur », et tes yeux, Potter, ne cachent rien, ne cherchent pas à cacher, n’ont rien à cacher… »

         « Je te prends au défi ! », répliqua Harry d’une voix particulièrement enjouée qui surprit Drago. Harry avait envie de jouer. « Si tu vois si facilement en moi, si tu lis si facilement en moi, alors dis-moi ce à quoi je suis en train de penser actuellement ! », ajouta-t-il dans un sourire charmeur dont lui-même n’était pas conscient.

         Drago le fixa un court instant. Mais ce fut un instant profond. Si profond que Harry crut réellement sentir Drago s’immiscer dans son âme et la sonder. Puis, il sourit, un air suffisant affiché sur son visage comme toujours, apparemment sûr d’avoir trouver la réponse à la question de Harry.

         « Ce que je vois, Potter, c’est…que tu as très envie que je t’embrasse, là, maintenant, tout de suite… »

         Harry sentit quelque chose se crisper au creux de son estomac. Comment était-ce possible ? Comment avait-il pu savoir ? Etait-ce donc vrai qu’il ne pouvait masquer aucune de ses émotions… ?

         « Et alors ? »,  se risqua Harry.



05/06/2008
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