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LE 14 JUILLET 2008 !!!(3)

 

Messages de nos alliés, 14 Juillet 1945

 Les Etats-Unis

En l’année 1791, Thomas Jefferson, grand Américain et grand ami de la France, écrivait à un Français : " J’attends ardemment l’achèvement de l’œuvre glorieuse dans laquelle la France est engagée. Je vois la condition générale de l’Europe suspendue au succès ou à l’échec de la France. Après avoir établi semblable exemple d’organisation philosophique à l’intérieur, j’espère qu’il s’étendra à vos frontières, aux peuples qui vous sont soumis et à vos amis dans toutes les régions de la terre ".

Jefferson savait de quoi il parlait, car il avait été le parrain de la révolution américaine, l’auteur de la Déclaration d’Indépendance, grand philosophe et grand défenseur de la jeune démocratie américaine. Il était à Paris le jour de la chute de la Bastille.

Sa foi inébranlable en la France et en l’idéal de la Révolution s’alliait à la conviction que la France et les Etats-Unis, ayant lutté pour les mêmes buts, devaient poursuivre ensemble cette lutte. Il a mis cette conviction en action, durant les années où il a représenté l’Amérique à Paris.

Aujourd’hui, nous rendons hommage au peuple français pour sa grande croisade de 1789. Nous souhaitons qu’il réussisse dans la grande œuvre dans laquelle il est engagé en 1945. Au cours des années qui ont séparé ces deux dates, bien des hommes ont eu l’occasion de répéter les paroles de Jefferson, et de rendre hommage à la détermination de la France de défendre sa liberté et son idéal.

Jefferson Caffery, ambassadeur des Etats-Unis.


 L'URSS

Il y a des dates sacrées pour l’humanité toute entière. Si certains veulent aujourd’hui faire passer la France pour une Madeleine repentante, ou pour une mineure qui a besoin de tutelle, on peut leur répondre par cette date du 14 juillet. Peu importe que la prise de la geôle parisienne ait été un petit épisode de la grande révolution : cet assaut devint un symbole et exalta le monde entier.

Dans la période qui précéda la dernière guerre, les Français paraissaient avoir oublié la signification du 14 juillet. Les héros de Verdun se taisaient sous terre. La parole était au jazz-band, à Chautemps, à l’insouciance et à la bassesse. Le 14 juillet n’était plus que lampions, cacahuètes, bocks, et aussi un effort immense pour les cheminots. La France connut tant de chagrin, tant de traîtrise et tant de grandeur d’âme qu’en cinq ans elle a vécu un long siècle. Je vis Paris mort le 14 juillet 1940. On ne pouvait entendre dans son silence ce courroux et l’enthousiasme qui, quatre ans plus tard, nettoyèrent la ville et la débarrassèrent des oppresseurs. Mais outre les oreilles, il y a aussi le cœur. Je savais alors déjà qu’un 14 juillet viendrait où toute la grande beauté première de cette date apparaîtrait dans tout son éclat.

Aujourd’hui, loin de Paris, je célèbre avec tous les zélateurs de la liberté cette fête d’orage populaire. La Bastille du 20e siècle tomba et le maudit " ordre " du fascisme a été détruit. Dans les rues de Berlin les décombres sont encore amoncelés. Beaucoup de peuples prirent part à l’assaut de la Bastille hitlérienne. Tels attendaient le dernier tour, d’autres se battaient à mi-corps dans le sang. C’est bien loin non seulement de la Seine, mais aussi de la Spree ; c’est sur les rives de la Volga que le sort du troisième Reich se décidait. Je sais que les Français le 14 juillet penseront : là-bas des héros enfoncèrent les murs de la maudite prison.

Il y a encore beaucoup trop de Bastilles. Il n’y en a pas mal en France même. Peut-être sont-elles maintenant camouflées, peut-être les fait-on passer maintenant pour des hôtels recevant les malades de Vichy ou pour des maisons de repos destinées aux cagoulards fatigués, ou pour des asiles où sont entretenus de pauvres millionnaires de la collaboration. Je sais que le peuple français viendra également à bout de ces Bastilles. Nous en avons le gage dans l’histoire de France et dans les ouvrages des patriotes français qui luttèrent quatre ans contre les envahisseurs. Certains fêtent le jour anniversaire d’un monarque, d’autres célèbrent l’anniversaire d’une conquête de territoires étrangers ou la destruction de voisins. Le peuple français a choisi comme fête nationale l’anniversaire de l’orage populaire et sa liberté. Dans les jours où mon peuple fête la victoire qui apporta aux autres peuples la libération, je répète loin de Paris chèrement aimé, avec mes amis français : vive le 14 juillet ! Vive la liberté !

Pas de 14 Juillet sans un défilé militaire. Corps d'armées, état-major : les hommes défilent en grande tenue, réunis sous le drapeau, symbole de la nation. Le soir, c'est la grande fête populaire.

La revue de 1914 à Longchamp

En 1914, la revue a lieu à Longchamp ; deux semaines plus tard, l'archiduc François-Ferdinand est assassiné à Sarajevo...

14 juillet 1930

14 juillet 1939

14 juillet 1930 : la crise économique vient de s'abattre sur l'Europe

14 juillet 1939 : dernière parade avant l'épreuve du feu

Après le défilé militaire, la grande fête populaire du soir est riche d'une mise en scène ancrée dans l'imaginaire collectif français : dans chaque quartier, un concert, un bal, des lampions...

Le 14 Juillet, de René Clair Bal de 1930

Ci-dessus : bal de 1930, à Paris

Partition de la valse "A Paris, dans chaque faubourg", bande sonore du film de René Clair "14 Juillet"

De nos jours, le bal a souvent lieu autour du kiosque à musique (ci-dessous)

Kiosque à musique

Au-delà de la métropole : les fêtes nationales dans le monde

puce_nb.gif (820 octets) Le 14 Juillet et l'Empire, par Gaston Monnerville

Les fêtes nationales

Le 14 Juillet et l'Empire

par Gaston Monnerville, député de la Guyane, président de la commission de la France d’outre-mer à l’Assemblée consultative

Pour les démocrates de France, le 14 juillet est la fête de la Liberté, de leur liberté.

Pour nous, fils d’Outre-mer, il est plus et mieux encore ; il est commémoration de la libération de l’Homme.

Le 14 juillet 1789, la France s’est libérée d’un régime politique et social qui étouffait les aspirations de la Nation. Geste magnifique, mais non inédit, car d’autres peuples avaient déjà connu pareils sursauts de dignité et avaient conquis leur liberté.

Ce qui fait la caractéristique du geste français et qui lui donne une immense portée, Albert Bayet l’a déjà noté, c’est que le révolutionnaire de 1789 ne se contenta pas de se libérer. En même temps que lui-même, il a voulu libérer l’Homme. Sans distinction de confession, de couleur ou de race.

Voilà la vraie grandeur de l’événement.

Nous sentons tout le poids de cet acte. Par la Déclaration des Droits de l’Homme, la France proclamait sa volonté de défendre partout la personne humaine, les valeurs humaines. Déclaration qui prenait tout son sens si l’on songe au corollaire généreux qu’elle imposait aussitôt : l’abolition de l’esclavage dans les terres françaises d’Outre-Mer. La chute de la Bastille parisienne symbolisait et entraînait celle de toutes les bastilles et singulièrement celle de la servitude injuste qui pesait sur les hommes de race noire.

Aussi ne pensons-nous jamais au Quatorze Juillet sans une ferveur grave. Pour nous, il est l’évocation du courage civique - le plus rare - des hommes de la première Révolution, qui inaugurèrent l’ère de la liberté dans nos pays sacrifiés. Il fait surgir dans nos esprits qui se souviennent le nom d’un La Fayette qui, déjà en Amérique, et dès la conquête de l’indépendance de ce continent, proposait à Washington de consacrer ses efforts à la libération des noirs des Antilles et de la Guyane et inaugurait dans cette dernière colonie un essai d’émancipation des esclaves, alors que personne n’y pensait encore. " Si c’est un projet bizarre, écrivait-il à Washington, j’aime mieux être fou de cette manière que d’être jugé sage pour une conduite opposée. " 

Il évoque aussi la pure image de l’Abbé Grégoire, qui lutta contre tous les préjugés raciaux et consacra les richesses de sa pensée et de son cœur à la défense de l’émancipation des Noirs ; l’Abbé Grégoire, courageux Conventionnel dont la vie confirme cette opinion de Robespierre : " La justice et la liberté ne sont qu’une seule et même chose, et ceux-là ne sont jamais libres qui ne savent pas être justes. "

Le Quatorze Juillet nous est cher à un second titre. Nous ne le séparons pas du souvenir des républicains de 1848, qui, reprenant la réforme si généreusement amorcée par ceux de 1789, abolirent définitivement l’esclavage, et, à ce bienfait, en ajoutèrent un autre également précieux : le droit d’expression, par l’instauration du suffrage universel aux colonies comme en France. Victor Hugo, humaniste et apôtre de la fraternité des hommes, défenseur puissant de toutes les minorités opprimées ; Lamartine, perméable à toutes les misères humaines et âme fraternelle pour tous les déshérités ; Victor Schoelcher, le Wilber-force français, combattant tenace de la cause de la libération des Noirs.

Le Quatorze Juillet est pour nous, enfin, l’évocation des hommes de la Troisième République, qui apportèrent à nos pères l’instruction gratuite et obligatoire et qui, en même temps qu’ils étendaient sans doute le domaine colonial de la France, élargissaient le champ des connaissances intellectuelles de ses originaires. Ils parachevaient ainsi l’émancipation commencée dès la première révolution, puisqu’aussi bien la véritable libération de l’homme est moins physique que spirituelle. 

C’est dire que les fils d’Outre-Mer confondent en un même symbole le Quatorze Juillet et la République. Ils représentent à ses yeux à la fois la libération civique, la libération politique, la libération spirituelle de l’être humain. Aussi, combien grande fut notre tristesse, lorsqu’en 1940, le Gouvernement de Vichy décréta le Quatorze Juillet jour de deuil national. Deuil de la liberté ! Tous les Français auraient dû comprendre ; tous les Français d’Outre-Mer comprirent aussitôt. Le nouveau régime, celui de la tyrannie, de l’oppression, négateur de toute liberté, ne pouvait leur convenir. 

Le devoir était simple : le combattre et libérer la France de la gangue qui l’étouffait, déchirer le masque qui la défigurait, lui redonner la lumineuse figure d’une nation compréhensive, humaine et libre.

Alors la Résistance s’est levée dans toutes les parties de la Patrie française ; et c’est sa victoire qui illumine le 14 juillet 1945, celui de la France libérée retrouvant son enthousiasme, et sa foi dans l’avenir de la Liberté.



15/07/2008
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